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physémateuse, se gorge de liquides à mesure que les fonctions languissent, et perd la graisse avec une grande rapidité. Elle m’est pas malfaisante par suite d’un vice spécial provenant de la maladie ; mais elle est, comme celle de tous les animaux gravement malades, de qualité inférieure. Si on n’abat les animaux pestiférés que lorsque le mal est fort avancé, quand le sang circule à peine, quand la respiration se fait incomplètement, la viande est très rouge, molle ; elle n’a aucun mauvais goût, et n’est pas insalubre ; seulement elle est d’un aspect repoussant, et on ne doit la consommer que dans les cas où il n’est pas possible d’avoir d’autres alimens.

Pour le transport de la viande, des précautions sont moins nécessaires que pour le transport des bestiaux. Cependant il est toujours prudent d’exercer une surveillance sur le service, d’agir comme pour autoriser le déplacement des animaux. D’après les règlemens, un propriétaire, dès qu’il règne une épizootie contagieuse, ne peut introduire, un bœuf dans une commune où la maladie n’existe pas qu’en prouvant que l’animal sort d’un pays indemne. S’il habite un pays infecté et s’il veut vendre ses bestiaux, il faut qu’il déclare le lieu où il veut les conduire, et qu’il prouve ensuite qu’il a tenu son engagement. Rien ne serait plus facile que de prendre des moyens semblables pour la viande. Celui qui serait chargé de la conduire serait tenu de la rendre dans l’endroit qui lui serait assigné. Si à ces précautions on ajoutait le soin de faire connaître par des écriteaux, par des affiches, par des avis publiés dans les journaux, les routes et les chemins de fer affectés au transport des bestiaux et des viandes, on mettrait les propriétaires à même de prendre les mesures nécessaires pour préserver leurs fermes. Ces précautions seraient utiles dans toutes les circonstances, même quand les communications auraient lieu entre des pays et à travers des pays infectés, car il reste probablement toujours dans les communes traversées par les convois, même dans les communes infectées, des cultivateurs dont les bestiaux ne sont pas attaqués. Il faut les avertir afin que, par ignorance du danger, ils n’exposent point leurs étables à la contagion.

La Suisse, qui, par des mesures de police sanitaire comme elle sait en prendre, avait assez facilement préservé son bétail de l’épizootie actuelle pendant plusieurs mois, en a été envahie lors de l’entrée sur son territoire de notre malheureuse armée de l’est. Aucune surveillance, aucun cordon sanitaire ne pouvait être efficace pendant que nos 80,000 hommes allaient lui demander l’hospitalité. C’est alors que l’épizootie y a pénétré ; mais les mesures énergiques proposées par M. Zanguer et commandées avec toute la rigueur nécessaire par le conseil fédéral ont rapidement enrayé la marche du fléau. Le