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LA


RIVE GAUCHE DU RHIN


AU DIXIÈME SIÈCLE




Les comtes de Paris, histoire de l’avènement de la troisième race, par M. Ernest Mourin, 1 vol. in-8o. — Essai sur l’organisation de l’Austrasie et la création de l’Allemagne ; — Essai sur la séparation de la France et de l’Allemagne aux neuvième et dixième siècles, par M. L. Drapeyron, 2 brochures in-8o ; Ernest Thorin.




Pour la seconde fois en moins de soixante années, l’unité territoriale de la France vient de subir une atteinte cruelle ; la coalition victorieuse des peuples germains a détaché du pays gaulois deux portions considérables de l’ancienne Austrasie, l’Alsace et la Lorraine septentrionale. Cette politique de conquêtes en plein xixe siècle n’est pas seulement un défi à la civilisation de l’Europe moderne ; l’histoire des origines, dont l’érudition des Allemands affecte de se réclamer, ne proteste pas moins hautement contre les dernières revendications de la diplomatie prusso-germanique. Dans ce retour vers le passé, l’Allemagne choisit habilement ses points d’arrêt ; elle n’a garde de s’avancer au-delà de Henri II pour la Lorraine, ni plus loin que Louis XIV pour l’Alsace. Exempte de tout scrupule à l’égard du consentement libre des peuples, elle s’efforce de justifier un démembrement consommé par la force pure en l’appelant une « rétrocession légitime. » On retrouve ici l’esprit de ces cours d’histoire d’outre-Rhin où Charlemagne est représenté comme un prince exclusivement germain, que la France, par une erreur de sa vanité, aurait placé au point culminant d’une de ses antiques dynasties. Il est facile de réfuter ce thème historique. Charlemagne