Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 93.djvu/243

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il semblait que ces conditions exceptionnellement favorables dussent permettre une résistance qu’en tout cas les devoirs militaires les plus simples ordonnaient de tenir. Le général d’Aurelle n’en persista pas moins dans son mouvement de retraite. « Il était sur place, disait-il ; il pouvait mieux que personne juger de la situation des choses. » Après une délibération prise en conseil du gouvernement à l’unanimité, la délégation fit passer le télégramme suivant au commandant en chef de l’armée de la Loire :

« L’opinion du gouvernement consulté était de vous voir tenir ferme à Orléans, vous servir des travaux de défense et ne pas vous éloigner de Paris ; mais, puisque vous affirmez que la retraite est nécessaire, que vous êtes mieux à même sur les lieux de juger la situation, que vos troupes ne tiendraient pas, le gouvernement vous laisse le soin d’exécuter les mouvemens de retraite sur la nécessité desquels vous insistez et que vous présentez comme de nature à éviter à la défense nationale un plus grand désastre que celui même de l’évacuation d’Orléans. En conséquence, je retire mes ordres de concentration active et forcée à Orléans et dans le périmètre de vos feux de défense. Donnez des ordres d’exécution à tous les généraux en chef placés sous votre commandement. »

« Cette dépêche était envoyée à onze heures. À midi, le général d’Aurelle de Paladines écrivait d’Orléans : « Je change mes dispositions. Je dirige sur Orléans le 16e et le 17e corps ; j’appelle le 18e et le 20e J’organise la résistance. Je suis à Orléans, à la place. »

« Ce plan de concentration était justement celui qui depuis vingt-quatre heures était conseillé, ordonné par le ministre de la guerre. M. le ministre de la guerre voulut se rendre lui-même à Orléans pour s’assurer de la concentration rapide des corps de troupes. À une heure et demie, il partait par un train spécial, À quatre heures et demie, en avant du village de La Chapelle, le train dut s’arrêter, la voie étant occupée par un parti de cavaliers prussiens, qui l’avaient couverte de madriers et de pièces de bois pour entraver la marche des convois. À cette heure, on entendait la canonnade dans le lointain, on pouvait croire qu’on se battait en avant d’Orléans.

« À Beaugency, où le ministre de la guerre était revenu pour prendre une voiture afin d’aller à Écouis, croyant que la résistance se continuait devant Orléans, il ne fut plus possible d’avoir des nouvelles. Ce n’est qu’à Blois, à neuf heures du soir, que la dépêche suivante fut envoyée de Tours : « Depuis midi, je n’ai reçu aucune dépêche d’Orléans ; mais à l’instant, en même temps que la vôtre de six heures trois minutes, je

    comme devant Paris et sans doute dans d’autres circonstances encore, les travaux de fortifications de campagne ont été notoirement négligés ; mais encore une fois à qui s’en prendre ? au général en chef ou au ministre de la guerre ? Dans le cas dont nous nous occupons ici, la réponse est tout au moins douteuse.