Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 93.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sidé l’organisation en qualité de chef d’état-major. Le 16e corps passait sous les ordres de l’amiral Jauréguiberry, qui s’était révélé homme de guerre dans les combats des deux mois précédens, et enfin le commandement du 17e corps était donné au général de Colomb en remplacement du regretté général de Sonis, disparu depuis le combat du 2 décembre.

Les troupes du grand-duc de Mecklembourg éprouvèrent une résistance inattendue lorsqu’elles se portèrent sur Meung au-devant des Français. On se battit toute la journée du 7 avec un résultat indécis de part et d’autre. Le lendemain, la bataille recommençait sur toute la ligne entre la Loire et Saint-Laurent-des-Bois, et sur la fin du jour les positions françaises étaient à peine entamées. Le 9 et le 10, renforcé par le 21e corps, qui était arrivé du Mans en toute hâte sous les ordres de l’amiral Jaurès, Chanzy prenait à son tour l’offensive. Dès le commencement de cette lutte obstinée, les Allemands s’imaginèrent qu’ils avaient devant eux la totalité de l’armée fugitive dont ils avaient en vain cherché les traces du côté de Gien et de Vierzon. Aussi le prince Frédéric-Charles se dépêcha-t-il de rappeler de Gien son 3e corps, qui paraissait n’y avoir rien à faire, et d’expédier en outre au secours du grand-duc le 15e corps, qui était resté à Orléans. Vers le 10 décembre, toute l’armée allemande était donc concentrée sur l’attaque de Beaugency, sauf les malheureux Bavarois, qui, abîmés dans ces derniers combats, rentraient à Orléans. Quel piteux exemple de ce que l’on gagne à être l’allié de la Prusse ! Von der Thann avait 20,000 hommes au moins le matin de la bataille de Coulmiers ; le 30 novembre, il n’en comptait plus que 15,000, puis 10,000 le soir du 4 décembre, et maintenant il en ramenait 5,000 à peine ; encore ne se gênait-on pas pour dire dans l’état-major du prince Frédéric-Charles que, si les Bavarois avaient montré moins de mollesse, la défaite de l’armée de la Loire n’aurait demandé que trois jours au lieu de quatre. Enfin le 10 décembre le général Chanzy avait attiré sur lui l’armée entière du prince Frédéric-Charles, et il la tenait en respect. M. Gambetta, qui s’était rendu au quartier-général, ne faisait que rendre justice à ce vaillant officier lorsqu’il télégraphiait à toute la France : « J’ai trouvé tout ici parfaitement maintenu grâce à la fermeté de main et à l’indomptable énergie du général Chanzy. Non-seulement il garde ses positions depuis trois jours ; mais il refoule les masses du prince Frédéric-Charles, et leur cause les pertes les plus cruelles. » Que serait-il arrivé, si le général Bourbaki, plutôt que de se retirer en toute hâte sur la rive gauche, s’était maintenu vers Châteauneuf et Jargeau avec les 70,000 ou 80,000 hommes de troupes solides qu’il devait avoir à cette époque dans la main ? Il ne sert de rion d’avoir