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part[1]. Il a eu la même fortune pour un certain nombre d’oiseaux, de beaux gallinacés et entre autres un superbe faisan, plusieurs charmantes colombes, des mésanges, des espèces du groupe des moineaux, un merle à tête blanche (Tardus albiceps). Tout le monde connaît le loriot d’Europe, le bel oiseau qui l’été vient construire son nid dans les bois et part avec sa jeune famille dès qu’elle est en âge de voyager. En Asie, il existe un autre loriot très-commun (Oriolus siensis.) qui vit dans l’Inde, parcourt la Chine entière et remonte au nord jusque dans la vallée du fleuve Amour ; souvent dans la région du tropique il arrive au milieu des champs de bambous par bandes composées de plusieurs milliers d’individus. Les loriots en général se font remarquer par la couleur jaune d’or d’une portion plus ou moins grande de leur vêtement ; cependant sur l’île de Formose, M. Swinhoe a découvert une espèce du même genre (Psaropholus ardens) qui est d’un beau rouge écarlate, avec la tête, les ailes et les jambes d’un noir brillant. Celui-ci ne voyage pas à chaque saison pour trouver le climat qui lui convient, un simple déplacement suffit : en hiver, il habite les forêts de camphriers et il fréquente les buissons de la contrée qu’on appelle la Vallée heureuse ; en été, il disparaît et va couver dans les parties hautes et inaccessibles des montagnes. On ne voit point de perroquets dans l’île de Formose ; ces oiseaux ne se montrent pas au-delà des provinces méridionales et centrales de la Chine.

En traversant le canal de Formose et en remontant un peu au nord, on atteint Fou-tcheou, la capitale de la province de Fou-kien, située par 25° 30′ de latitude sur la rivière Min. L’embouchure de la rivière et la ville composent une vue qui donnerait les plus grandes tentations aux peintres, si jamais ils allaient jusqu’en Chine pour trouver des sujets de tableaux. Élargi dans la plaine, resserre entre les montagnes, le fleuve présente aux regards du voyageur des aspects tout à fait inattendus. De nombreux temples bâtis sur les rives dans les situations les plus pittoresques et entourés de groupes de superbes figuiers[2] répandent un charme extrême sur la contrée. Des massifs de bananiers aux larges feuilles donnent un ombrage qui contraste heureusement avec la vive lumière répandue dans l’espace et qui est bien apprécié quand le soleil inonde le pays de ses rayons ardens. Les environs de Fou-tcheou ont été mieux explorés que toutes les autres parties du Fou-kien. Les productions naturelles de la région ne diffèrent pas sensiblement de celles de la province de Quang-tung ou de l’île

  1. Le Cervus Swinhoi décrit par M. Sclater.
  2. Ficus nitida.