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leur jaune uniforme s’étend sur la poitrine et sur le ventre[1]. Puis ce sont des bruans, des bouvreuils, des espèces d’un genre intermédiaire entre les pies-grièches et les geais[2], qui paraissent avoir leur centre d’habitation au Thibet, vivant à côté de fauvettes et de moineaux que l’on voit dans toutes les parties de la Chine. Parmi les animaux vraiment remarquables du Sse-tchuen, le père A. David a entendu parler d’une énorme salamandre noire dont les Chinois se nourrissent ; mais nous ignorons s’il est parvenu à se procurer ce grand batracien. Jusqu’ici on ne connaît qu’une salamandre de proportions colossales et elle nous vient du Japon ; les personnes qui ont visité nos ménageries ont fort remarqué depuis plusieurs années les individus vivans de cet animal étrange, dont la taille ne peut être comparée qu’à celle de la fameuse salamandre fossile d’OEningen. Il serait intéressant de savoir si le même batracien ou une espèce analogue habite la Chine.

En 1854, lorsque se fondait la Société d’acclimatation, chacun s’empressait d’appeler l’attention sur les animaux dont l’introduction pourrait augmenter le bien-être du pays. D’après divers renseignemens obtenus par les missionnaires, on citait la province du Sse-tchuen comme la région favorisée de la Chine pour les productions naturelles. On devait y trouver de grands bombyx ou des vers à soie sauvages qui, se nourrissant des feuilles du frêne ou du chêne, se propageraient sans doute aisément en France. On se souvint alors de ce que le père d’Incarville avait écrit sur ce sujet, de 1740 à 1750, et l’on prit la résolution de faire appel aux nouveaux missionnaires qui avaient constaté parmi les habitans du Sse-tchuen l’usage de la soie du bombyx du chêne, et qui se montraient disposés à faire tous les efforts imaginables pour procurer à l’Europe un accroissement de richesse. Déjà plusieurs années auparavant le père Perny avait envoyé à Lyon des cocons du ver à soie tant désiré, et dans cette ville l’éclosion des papillons s’était effectuée à la grande joie de quelques personnes, mais on n’avait rien tenté pour perpétuer l’espèce. Par les soins du même missionnaire, des cocons contenant des chrysalides vivantes arrivèrent à Paris, et cette fois on s’occupa sérieusement de faire reproduire l’insecte, jusqu’au moment où la préférence fut donnée à un bombyx du Japon dont la soie semblait offrir des qualités plus précieuses[3]. Un succès assuré n’a pas répondu malheureusement aux diverses tentatives sur lesquelles on avait fondé de grandes espérances. En Chine, il existe des insectes producteurs de soie dans

  1. C’est le Proparus Swinhoi de M. Jules Verreaux.
  2. Le genre Trochalopteron.
  3. Le bombyx du Sse-tchuen a été décrit par M. Guérin-Menneville sous le nom d’Attacus Pernyi, et le bombyx du Japon sous le nom d’Attacus Yamamaï.