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comme autrefois beaucoup de peintres à Munich; il n’y a pas d’art marqué d’un cachet propre. Les peintres d’histoire ne songent qu’à imiter, les uns M. Gallait, les autres M. Couture; les paysagistes font du faux Corot, quelques-uns se mettent même à la remorque de M. Courbet, et l’exposition internationale de Munich en 1869 a prouvé que de l’autre côté du Rhin on était exclusivement préoccupé de ce qui se faisait de ce côté-ci. Cette pseudo-peinture française est quelquefois habilement traitée; mais, alors même qu’elle a su choisir ses modèles, elle a pour nous l’inconvénient de rappeler des notes déjà connues et de donner encore une fois raison au fameux axiome de Michel-Ange : « celui qui marche après un autre est sûr de ne pas arriver le premier. »

Les tableaux de la Bavière sont un peu plus nombreux que ceux de la Prusse; seulement il est impossible d’y signaler rien de saillant. L’insignifiance absolue de la salle où est l’exposition allemande est à peine relevée par quelques tableaux envoyés par des artistes appartenant à diverses nationalités; la plupart ont déjà figuré à nos expositions de Paris. Ainsi nous retrouvons ici l’Union de Lublin en 1569, vaste toile d’un peintre polonais, M. Mattejko, que le public parisien a pu apprécier au dernier salon; — la Visite aux grands parens d’un Norvégien, M. Tidemand, charmante peinture d’un sentiment fin et délicat, — d’excellens chevaux d’un Hongrois, M. Schreyer, et une scène de la guerre religieuse des Pays-Bas par M. Pauwels, peintre belge qui réside à Weimar.

L’Italie n’est pas beaucoup plus brillante que l’Allemagne dans ses résultats; cependant elle accuse un effort, elle montre une tendance que nous n’aimons pas beaucoup, mais qui lui appartient. Les peintres et surtout les sculpteurs italiens sont de la plus extrême habileté; ils se jouent des plus grandes difficultés techniques, et semblent préoccupés plutôt de faire des tours d’adresse avec la brosse ou le ciseau que de traduire une pensée ou une impression de la nature. Ils reprennent la tradition de leur pays dans sa période de décadence, au lieu de remonter aux principes de l’école dans son mouvement ascendant; ils se font les continuateurs de Bernin plutôt que de Donatello. Leur exécution néanmoins est très séduisante, et, si la route qu’ils suivent ne peut les mener très loin, elle peut encore leur assurer une très grande vogue.

Toutes les fois qu’une lutte s’établit sur le terrain de l’art ou de l’industrie, on est sûr de trouver la Belgique au premier rang. Ce vaillant petit peuple occupe donc ici une place considérable, et l’importance de ses envois vient de la qualité plus encore que de la quantité, qui pourtant l’emporte de beaucoup sur celle des envois réunis de l’Allemagne et de l’Italie. Henri Leys est mort, MM. Gal-