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LE BUDGET

ECONOMIES ET NOUVEAUX IMPOTS.

Nous ne commencerons pas par faire la douloureuse énumération des charges annuelles que les conséquences de la guerre et de l’insurrection vont faire peser sur les finances de notre pays. Tout homme attentif aux affaires publiques s’est livré à ce triste calcul et connaît approximativement la vérité; je dis approximativement, car les uns ont, peut-être par découragement, exagéré l’augmentation des dépenses, et d’autres, effrayés par l’énormité des chiffres, sont restés au-dessous de la réalité. Les erreurs ne pourraient pas aujourd’hui être rectifiées, parce que plusieurs dépenses ne sont pas connues ou ne le sont que par des évaluations incertaines, et que par conséquent l’ensemble ne peut pas être mesuré exactement. M. Thiers, dans son discours sur l’emprunt, a estimé le surcroit de nos charges à 356 millions, et à 556 millions en y comprenant 200 millions d’amortissement. D’après les financiers les plus pessimistes, nous avons besoin d’environ 600 millions par an pour payer les intérêts des emprunts contractés pendant la guerre et de ceux que rendront nécessaires soit le service de l’indemnité, soit le découvert des exercices antérieurs et spécialement celui de l’année 1871. Ces déficits viennent non pas seulement des dépenses militaires, mais aussi de la diminution des recettes. L’effet des révolutions n’atteint ordinairement que le produit des impôts de consommation, et laisse entier celui des contributions directes de répartition. La guerre d’invasion a des conséquences plus graves, elle arrête la perception des impôts directs et indirects dans les pays occupés, et substitue l’envahisseur aux autorités du territoire envahi; elle accable les habitans de réquisitions qui obligent le gouvernement, après la paix, à concéder des dégrèvemens pour