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L’USINE D’ESSEN
ET
LES CANONS KRUPP


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I. Lettre sur l’enseignement technique de M. Bernard Samuelson, membre du parlement, au très honorable lord Robert Montagu, vice-président du conseil d’éducation. — II. Rapports de M. le baron Stoffel au ministre de la guerre en France sur les institutions militaires de la Prusse.


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À quoi tient la fortune des armes ? Voici deux guerres toutes récentes, celle de Bohème et celle de France, dont le succès a dépendu en partie de découvertes techniques, le fusil à tir rapide en 1866, le canon se chargeant par la culasse en 1870, l’un et l’autre inséparables des noms de leurs inventeurs, Dreyse et Krupp. Or, quel que soit le lot qu’on laisse à ceux-ci dans les résultats obtenus, il est constant que, sans eux, ces résultats n’eussent été ni aussi prompts ni aussi décisifs. Si donc ils ont été les premiers à la peine, ils ne doivent point être des derniers à l’honneur, et c’est justice, quand on parle de ces graves événemens, de leur y ménager une mention. Pour Dreyse, c’est déjà fait : son arme de guerre a brillamment franchi la période d’épreuves, elle a eu ses récits et même ses légendes : en Europe et en Amérique, les imitations se sont tellement multipliées qu’à peine en dresserait-on la liste ; on l’a non-seulement copiée, mais dépassée. Le canon Krupp n’en est pas là ; c’est d’hier seulement qu’il a donné sa mesure ; il a été pour nos armées et pour Paris surtout une douloureuse surprise ; il a réussi du premier jet, et jusqu’ici il a tenu au moins en échec les imitations qu’on en a faites. À ces titres, il y a un certain intérêt à en