Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 95.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES FINANCES
DE LA VILLE DE PARIS

Après une interruption de vingt-trois années, un conseil municipal né de l’élection a repris l’examen de la situation financière de Paris. Les contribuables, dépossédés de leur droit par la république de 1848, maintenus en tutelle sous le second empire, viennent de nommer leurs mandataires, dont le premier devoir sera d’assurer le paiement non-seulement des dettes anciennes, mais encore de celles qu’il importe de contracter à nouveau : triste et pénible mission sans aucun doute, qu’il eût été désirable de voir confiée à des mains plus expérimentées, dont l’esprit de parti s’est malheureusement emparé, et qui doit être remplie sans retard, sans récrimination inutile contre le passé, sans vaines terreurs de l’avenir. Quand, au commencement de l’année 1870[1], nous examinions le budget de la ville de Paris, appelée en quelque sorte à comparaître devant le corps législatif, on pouvait croire qu’une ère de liberté nouvelle et tout au moins de contrôle efficace des grands intérêts publics allait s’ouvrir. Aussi, laissant de côté toute discussion irritante sur une administration dont les résultats devaient être soumis au verdict des députés de la France entière, nous nous contentions de retracer les faits avec impartialité. Aujourd’hui le simple exposé de la situation devient encore plus une nécessité et une convenance.

La fortune de Paris avait atteint une hauteur qui tient du prodige. De 10 millions 1/2 en 1800, les recettes du budget ordinaire montaient pour 1870 à 172 millions. L’ensemble des budgets, ordinaire et extraordinaire, voté par le conseil municipal sur la

  1. Voyez la Revue du 15 mars 1870, — la Ville de Paris devant le corps législatif.