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comptes courans, dont un était ouvert avec la caisse municipale elle-même, inscrivant ses recettes et ses paiemens sans affectation spéciale, mettant ensemble sans distinction d’origine tout ce qui concernait les entreprises en cours, échappait aux règles de la comptabilité publique, et donnait lieu aux plus graves anticipations. Ainsi en 1863 10 millions avaient été empruntés à la caisse des dépôts au-delà du chiffre autorisé pour l’émission des bons de la caisse des travaux ; en 1864, une pareille somme avait été fournie par un simple banquier, M. Sourdis ; en 1865, on avait dépassé de 20 millions le chiffre légal de l’emprunt autorisé ; on avait irrégulièrement disposé des cautionnemens remis par quelques entrepreneurs ; enfin on avait versé à la caisse des travaux 18 millions appartenant à la caisse de la boulangerie et 18 millions sur les fonds de l’emprunt de 1869, dont la caisse municipale devait faire un tout autre emploi.

Lorsque le rapporteur, établissant le compte de cette caisse des travaux, porte à 100 millions le solde des bons à rembourser, outre les 36 millions ci-dessus, qui doivent être reversés à la caisse municipale proprement dite, il mentionne encore une somme de 13 millions nécessaire à la liquidation totale. Deux chiffres résument pour lui la situation financière de la ville, et doivent par conséquent servir de base au budget extraordinaire. Les dettes dont le service est assuré par des ressources du budget ordinaire s’élèvent à 1,198 millions, dont 1,007 proviennent des emprunts émis en obligations ; les dettes résultant de découverts atteignent 278 millions : la liquidation de la caisse des travaux y entre pour 149 millions, les travaux ou achevés et non payés ou déjà engagés pour 128 millions 1/2.

Devant ces exigences, on conçoit que la commission, ne trouvant comme ressource extraordinaire qu’un faible excédant du budget ordinaire, quelques rentrées plus ou moins faciles et la vente incertaine de quelques terrains, crût prudent de recourir encore à l’emprunt. Celui de 1869, autorisé en principe pour 465 millions, qui représentaient les engagemens de la ville envers le Crédit foncier, n’avait été émis que jusqu’à concurrence de 250. La commission proposait d’en élever le solde à 520 millions au lieu de 215 ; on pouvait ainsi, après avoir remboursé au Crédit foncier ses 465 millions, consacrer 278 millions aux dettes laissées à découvert, et conserver un solde important pour des travaux nécessaires. De cette manière, le budget extraordinaire montait pour 1870, en recettes et en dépenses, à 296 millions seulement, au lieu des 324 proposés par le préfet. Ne bénéficiant que des premiers versemens du nouvel emprunt, il ne comprenait, entre autres dépenses, qu’un à-compte de 138 millions au Crédit foncier et de 113 millions pour les