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signé par M. Haussmann ont singulièrement perdu de leur importance. Si le solde à payer au Crédit foncier est imputable à la période impériale, les 100 millions en chiffres ronds qui ont été distraits des versemens de l’emprunt de 1869 doivent au contraire être portés au compte de l’année qui l’a suivie.

N’en est-il pas de même pour les bons de la caisse municipale, dont la loi du 23 juillet 1870 avait autorisé l’émission jusqu’à concurrence de 63 millions ? L’administration antérieure avait laissé à liquider les bons de la caisse des travaux pour 100 millions, et les comptes de cette même caisse pour 49, dont 36 à rendre à la caisse municipale. La partie des bons échéant jusqu’à ce jour, soit 16 millions, a seule été remboursée, 4 millions sur les comptes ont été réglés, et cependant les 63 millions des bons de la ville ont été tous émis. Au 23 mai 1871, lorsque Paris a été repris par l’armée de la France, la totalité des bons avait été remise comme placement à des particuliers à trois et six mois de date, ou comme paiement à des fournisseurs : la caisse municipale était vide ; pour en rouvrir les guichets au public, pour ne pas laisser en souffrance cette signature de la ville de Paris, jusqu’à ce jour vierge de protêts, des banquiers s’engagèrent à prendre dès la première heure pour 41 millions de ces mêmes bons ; la confiance du public a fait le reste, et les 63 millions de bons demeurent placés.

Il n’en faut pas moins revenir à la liquidation de la caisse des travaux ; or il reste encore 35 millions de bons à payer en 1871 et en 1872, et 49 de 1873 à 1876. Il reste aussi environ 9 millions à acquitter sur les 13 qui faisaient le solde des comptes de cette caisse. Quant aux 36 millions à restituer à la caisse municipale, on doit se rappeler que la moitié provenait des versemens de l’emprunt de 1869, et la moitié des ressources propres à la caisse de la boulangerie ; mais, si la ville n’a pas besoin de se payer à elle-même les 18 millions pris dans sa caisse, il n’en est pas ainsi pour ce qui vient de la caisse de la boulangerie. On connaît le mécanisme de cette institution : pourvue d’une dotation de 20 millions, elle émettait avec cette garantie des bons destinés à ses opérations d’avances dans les années de cherté. En 1863, l’organisation de la caisse fut modifiée, la dotation supprimée fit retour à la ville, et on lui substitua un droit d’octroi sur le blé, la farine et le pain, pour former un capital de prévoyance à l’effet de verser aux boulangers l’excédant du prix du pain au-dessus de 50 cent, le kilogramme. Les fonds de cette dotation s’élevaient à plus de 19 millions lorsque la caisse des travaux en utilisa 18 à son profit, et il n’y aurait lieu aujourd’hui de les rendre à la caisse de la boulangerie que si celle-ci en avait un besoin immédiat. Or, en vertu d’arrêtés pris depuis le