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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 septembre 1871.

Aurons-nous bientôt la sérieuse et patriotique satisfaction de voir l’occupation étrangère céder encore un peu de terrain, et, après avoir quitté les départemens de la région parisienne, se retirer par un nouveau reflux de quelques autres de nos départemens envahis ? Faudra-t-il au contraire attendre pour la délivrance de quelques-unes de nos provinces qui restent le gage des Allemands, faudra-t-il attendre le mois de mai prochain, la date implacable du paiement du quatrième demi-milliard ? C’est là justement la question qui s’est élevée l’autre jour presque à l’improviste, au moment où l’assemblée, lasse de sept mois de travaux, de luttes et d’émotions, était déjà impatiente d’aller goûter le repos que M. le président de la république la pressait généreusement de se donner. À la dernière heure, lorsqu’on aspirait déjà l’air des champs, le gouvernement est venu demander à l’assemblée une sorte de bill de confiance, l’autorisation de conclure et d’exécuter un arrangement diplomatique dont l’effet devait être de devancer de six mois la libération de six de nos départemens, l’Aube, l’Aisne, la Haute-Saône, la Côte-d’Or, le Doubs, le Jura, et de réduire dès ce moment à 50,000 hommes les forces allemandes dans la dernière partie de notre territoire soumise à l’occupation étrangère. Assurément c’était la plus agréable nouvelle dont le gouvernement pût se faire le messager auprès de la représentation nationale, et au premier aspect c’était là une de ces questions qui ne peuvent provoquer les dissentimens. Cette libération anticipée est un allégement sensible et un avantage pour la France entière aussi bien que pour les populations plus directement intéressées à retrouver la plénitude de leur indépendance. N’y eût-il pas un avantage matériel, il y a encore un avantage moral, national, qui domine tout. Comment se fait-il cependant qu’une affaire en apparence si simple ait soulevé des contradictions si vives, ait presque troublé l’entrée en vacances de l’assemblée au point de nécessiter l’intervention de M. Thiers lui-même