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là un déni de justice contre lequel un de nos premiers maîtres, M. Maillot, s’est élevé avec beaucoup de raison. Des différences plus importantes, parce qu’elles sont plus générales, existent à tous les degrés de la hiérarchie ; le médecin militaire français, par exemple, n’a pas le droit de punition directe. En Prusse, on a compris que l’assimilation ne pouvait être sérieuse qu’à la condition d’être réelle et complète ; aussi l’ordonnance du 20 février 1868 contient-elle cet article significatif : « les membres du corps de santé sont personnes militaires ; le rang militaire établit pour les médecins le droit aux pensions, logement, solde, indemnités de route des grades correspondans de l’armée. » Les articles 15 et 16 de la même ordonnance règlent tout ce qui a trait à la discipline et au droit de punir. Les aides hospitaliers, les infirmiers militaires, le personnel attaché à la pharmacie, les gardes et les employés des hôpitaux sont subordonnés aux médecins militaires ayant rang d’officiers. Le droit de punir dans les attributions de leur service leur est donné dans les limites suivantes : le médecin-général de corps d’armée ou d’étapes, le sous-directeur de l’école de médecine militaire Frédéric-Guillaume, ont les droits d’un colonel ; le médecin en chef d’une division en temps de guerre à ceux d’un chef de bataillon lorsque ce bataillon n’est pas isolé de son régiment, le médecin en chef d’un hôpital ceux du capitaine d’une compagnie non détachée. Les médecins militaires sont, sous le rapport des punitions disciplinaires, soumis à leurs supérieurs militaires immédiats. L’article 19 autorise des punitions, même. dans le cas où il s’agit d’une erreur dans le service et non d’une faute contre la discipline.


II

Le recrutement des chirurgiens militaires a toujours préoccupé l’administration de la guerre, car les cadres du corps,-quelque limités qu’ils soient, n’ont pu être que trop rarement remplis. Le personnel du service de santé militaire doit se composer de 7 médecins inspecteurs, 40 médecins principaux de première classe et 40 de seconde classe, 260 médecins-^majors de première classe et 300 de seconde classe, 400 médecins aides-majors de première classe et 400 de seconde classe, en tout 1,447 médecins. Leur nombre ne s’élevait au commencement de l’année 1870 qu’à 1020, laissant ainsi un déficit de 127 médecins, c’est-à-dire 11 pour 100 du chiffre normal de l’effectif. Pour les pharmaciens, le déficit va jusqu’à 15 pour 100. L’insuffisance numérique du personnel médical tient d’une part au nombre considérable des démissions et de l’autre à la difficulté de recruter ide nouveaux candidats. Voici