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familiarise avec le diagnostic des fractures et des luxations, avec l’application des moyens hémostatiques, des appareils amovibles et inamovibles ; on leur apprend à aider dans les opérations, à reconnaître la mort réelle, à relever les blessés, à les placer dans les voitures de transport, à faire les pansemens, à connaître exactement le contenu et l’emplacement des paniers renfermés dans les caissons d’ambulance. Tous les ans, un peu avant l’époque des grandes manœuvres d’automne, ils subissent des examens dont le résultat est transmis à l’état-major de la circonscription. Pendant la paix, les soldats de santé sont non pas réunis en compagnies, mais disséminés par groupes dans les principaux hôpitaux militaires de la monarchie autrichienne ; le rassemblement en compagnies n’a lieu que dans les cas où l’armée est mise sur le pied de guerre. En Russie, les infirmiers reçoivent un degré encore plus avancé d’instruction, de telle sorte que le nom d’infirmier ne leur est plus guère applicable avec l’idée que nous y attachons. Bien que leurs fonctions consistent à soigner manuellement les malades, ils se rapprochent plutôt de nos officiers de santé civils, tout en leur étant cependant fort inférieurs. On trouve en effet les Feldschers dans les hôpitaux civils comme dans les hôpitaux militaires, même dans la pratique professionnelle des villes et surtout des campagnes. A beaucoup de points de vue, le Wundarzt de deuxième classe, tel qu’il existait en Allemagne il y a quelques années, le Feldseher russe, tel qu’il existe aujourd’hui, représentent assez bien notre barbier-chirurgien du dernier siècle. Le Feldscher peut recevoir à ses frais l’éducation spéciale qui lui ouvrira la carrière civile, tout en le laissant libre envers l’état ; mais c’est là une exception, il est le plus souvent instruit aux frais de l’état ou des institutions hospitalières. D’assez nombreuses écoles se voient dans les hôpitaux civils et militaires de la Russie, elles sont sous la surveillance et la direction du médecin en chef de l’hôpital où elles sont instituées. L’âge exigé pour l’admission est en général celui de quinze à dix-sept ans ; il s’abaisse dans quelques écoles jusqu’à douze ans, surtout en faveur des orphelins. Dans les hôpitaux militaires, on reçoit de préférence des enfans de troupe. La durée des cours est de trois années dans les écoles militaires, de quatre dans les écoles civiles. On enseigne aux élèves le catéchisme, le russe et le latin, l’arithmétique, les élémens d’anatomie, de physiologie, de pharmacologie, de médecine et de chirurgie, l’application des bandages et des pansemens, les saignées, l’avulsion des dents, la réduction des luxations et des fractures, la vaccination, les secours à donner aux blessés, aux noyés et asphyxiés ; on leur apprend également à préparer une autopsie. Après avoir terminé leurs études, ils prennent le titre