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désigné par le roi, et qui fut encore en 1866 le comte de Stolberg-Wernigerode. Le commissaire royal était l’intermédiaire entre les autorités médicales et militaires et les sociétés de secours, dont l’action ne s’exerçait que sur les derrières de l’armée, et surtout dans les dépôts des hôpitaux de réserve. Après Sadowa et Langensalza, des étudians en médecine des universités allèrent, il est vrai, prêter leur concours aux hôpitaux et même aux ambulances, mais ils ne constituèrent nulle part des ambulances actives autonomes. Éclairée par l’expérience de la guerre de 1866, la Prusse limita depuis l’action des sociétés de secours. Le commissaire royal dans la dernière guerre fut le prince de Pless, et toute l’association fut centralisée à Berlin. Les délégués du commissaire royal furent surtout les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Ils figuraient dans les ambulances de première ligne, mais seulement de leur personne, pour transmettre au commissaire royal et à la société les demandes de vivres, de linges, de médicamens, dont les chirurgiens militaires pouvaient avoir besoin. Quant au personnel des sociétés de secours, il n’avait l’accès ni des ambulances, ni des hôpitaux. Son rôle se bornait à convoyer les secours matériels expédiés à l’armée, les blessés évacués sur l’Allemagne ou sur les hôpitaux d’étapes, à fournir quelquefois à ces hôpitaux des infirmiers et des infirmières. Ce rôle peu brillant, mais éminemment utile, fut rempli par des hommes jouissant d’une grande situation médicale ; c’est ainsi que le professeur Virchow conduisit lui-même jusqu’à Ars-sur-Moselle le premier détachement volontaire parti de Berlin pour ramener dans les hôpitaux d’arrière-ligne les malades et les blessés de l’armée qui nous investissait à Metz. Lors de la déclaration de guerre à la Prusse, le chef du département de la médecine militaire fit un appel aux volontaires, qui se présentèrent en grand nombre. L’indemnité allouée variait de 2 à 3 thalers par jour ; ils étaient adjoints aux détachemens sanitaires et surtout aux établissemens éloignés du théâtre de la guerre. Tout en ne portant pas d’uniforme, ils étaient soumis à la hiérarchie, aux lois et règlemens militaires. En cas d’incapacité, de mauvais vouloir ou de mauvaise conduite, on les congédiait sans autre formalité. De l’avis de tous, le rôle des sociétés de secours ainsi limité a été très utile. En France, les choses ont été un peu différentes, et c’est le cas d’examiner des questions déjà résolues en Prusse.

Si on laisse de côté ce qui s’est passé aux armées de Sedan ou de la Loire, armées privées à peu près complètement d’un service médical régulier, et où les ambulances volontaires étaient forcément les bienvenues, pour se reporter à une armée régulièrement organisée, comme l’était celle de Metz, il faut avouer qu’il n’y a