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toujours actifs et qui d’un côté s’allègent par les vacances naturelles ou accidentelles, de l’autre se remplissent par les contingens qu’y verse la jeune génération. On a vu que pour la gérance la filiation s’est maintenue des fondateurs aux héritiers ; il en est de même du travail des ouvriers, principalement des travaux du fond : les enfans, les petits-enfans y ont succédé aux pères et aux aïeux, et il n’est pas rare de trouver dans la mine des ouvriers dans la force de l’âge ayant à leurs côtés comme auxiliaires des ascendans et des descendans. Jeunes ou vieux, il y a place pour tous et en raison de leurs forces ; aux vieux des tâches faciles, aux jeunes des tâches secondaires, qu’ils exécutent sous les yeux d’hommes faits, par exemple les aides-galibots, les aides-hercheurs qui roulent les charbons dans les galeries, ou des jeunes filles qui ne travaillent qu’au jour et à des triages peu pénibles, sous les yeux de leurs mères chargées de les former. Les fonctions se transmettent donc comme un legs de famille : chacun y passe à son tour. Et que de fois la compagnie supplée à la négligence des parens ! Elle veille à ce que les enfans soient vaccinés, et dans les actes qui ont pour eux une date, jamais elle n’est absente ni les mains vides ; elle leur fournit au moins une partie du costume pour la première communion et leur premier vêtement de fosse tout entier le jour où, âgés de douze ans, ils sont admis aux travaux. Y a-t-il une avance à faire pour le rachat du service militaire, la compagnie ne la refuse jamais aux parens, sous la seule garantie de leurs bonnes mœurs et de leur honnêteté. Cette avance est consentie sans intérêt et avec un remboursement presque facultatif. Comme on le pressent, les services de santé sont en première ligne dans ce budget de la bienfaisance. Trois médecins principaux et six médecins adjoints se partagent les soins à donner non-seulement aux mineurs, vis-à-vis desquels c’est une dette, mais à leurs familles. En outre tout malade ou blessé reçoit chaque quinzaine, tant que dure l’incapacité du travail, une somme qui est proportionnelle à l’âge de l’ouvrier et à la gravité de la blessure ou de la maladie : en moyenne de 2 fr. 50 c. à 3 fr. pour les enfans, de 5 à 15 fr. pour les chefs de ménage. Il va de soi que les médicamens et les fournitures chirurgicales sont gratuitement délivrés ; on y ajoute, presque dans tous les cas, des rations d’alimens, vins, viandes, légumes, tout ce que prescrit le régime de convalescence. Ce service supplée à la fois l’hôpital et l’hospice ; il ne cesse que quand la guérison est achevée.

Dans une autre circonstance et d’une manière indirecte, la compagnie vient également en aide à l’ouvrier : c’est pour son logement. Elle y a été conduite dès le début par la force des choses. L’exploitation souterraine comportait un surcroît de population qui ne trouvait à la surface qu’un petit nombre d’abris et des abris