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On peut dire qu’elle s’est épuisée en une multitude de combinaisons secondaires, sans jamais rencontrer un passage vers une organisation vraiment supérieure.

La particularité la plus saillante du groupe des insectes réside dans les états qu’ils traversent tous avant de devenir adultes ; c’est tantôt une transformation brusque et très marquée, tantôt une série de modifications lentes et partielles, analogues à celles que produit la croissance chez les autres animaux. On distingue ainsi des insectes à métamorphoses complètes ou incomplètes, et cette distinction se trouve en rapport avec l’ordre d’apparition des principales familles. On aurait tort cependant de croire qu’il existe entre les deux catégories une ligne de démarcation rigoureuse. Plusieurs ordres d’insectes réunissent les deux modes de développement, et il existe entre l’un et l’autre des nuances si bien ménagées que l’on ne saurait dire où s’étend la limite réciproque. En cela comme en bien d’autres points, la vie a marché librement, dispensant une telle diversité de caractères, une telle profusion de phénomènes, qu’elle a réalisé toutes les combinaisons possibles, tout en respectant les lignes essentielles du plan qu’elle se proposait.

L’état de larve est un état d’enfance, mais d’une enfance souvent revêtue d’une forme entièrement étrangère à la forme adulte. Celle-ci est la seule définitive, puisqu’à elle seule appartient la faculté de se reproduire, et cependant la durée de cette dernière période est toujours plus courte que celle de la période larvaire. Beaucoup d’insectes vivent à peine quelques jours, d’autres seulement quelques heures à l’état parfait ; ils ne prennent leur robe virile que pour remplir les fonctions dont elle est le symbole et mourir aussitôt après. Tous les insectes parfaits respirent par des trachées, et présentent dans cet état les caractères qui servent à établir entre eux des rapports déterminés. Au contraire, à l’état de larves, d’étroites ressemblances rapprochent parfois des êtres très éloignés en réalité, ou bien c’est l’inverse qui a lieu. Le régime des larves peut différer totalement de celui de l’insecte parfait à qui elles donnent naissance. Les larves ne volent jamais ; beaucoup sont aquatiques, divisées en segmens égaux ou sub-égaux, et pourvues de pattes rudimentaires ou nulles. Ce qu’il faut surtout considérer dans la larve, c’est son apparence vermiforme, et chez celles qui sont aquatiques la présence d’un appareil branchial destiné à disparaître lors de la dernière mue pour faire place aux trachées.

Réunissons en un seul faisceau tous ces divers traits, et nous reconnaîtrons sans peine dans la période organique à laquelle ils se rapportent les indices caractéristiques d’un état antérieur et originaire qui aurait été général à la classe entière des insectes à un