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Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 96.djvu/696

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Banque, à raison de 3 pour 100, 18 millions; il n’en paiera bientôt plus que 6, peut-être moins encore. La différence serait de 27 millions, elle vaut la peine qu’on y réfléchisse. Ajoutons qu’un emprunt de 600 millions dans le moment présent, après ceux qui ont déjà eu lieu et lorsque notre crédit commence à se relever, serait une chose fort malencontreuse et qui pèserait singulièrement sur le marché. On ne devrait y songer que s’il n’y avait pas d’autre moyen de mettre fin à une crise qui en paralysant les affaires empêcherait, suivant l’expression du dernier rapport de la commission du budget, « le capital national de se reconstituer. » C’est le second point à éclaircir.

Les 2 milliards 400 millions de billets de la Banque de France qui sont déjà en circulation ou qui peuvent y être bientôt suffisent à peine, puisqu’un certain nombre de personnes demandent qu’on en émette davantage. Si l’état par un emprunt en fait rentrer tout à coup pour 600 millions, qu’il rend à la Banque, la circulation active sera diminuée en conséquence. L’or et l’argent ne reparaîtront pas pour cela même sur le marché, la cause qui les en tient éloignés subsistera toujours, et en attendant il y aura 600 millions de billets de moins pour les échanges. Le commerce en éprouvera une gêne considérable; il viendra donc les redemander très vite à la Banque, qui ne pourra pas les retenir, même en recourant à des mesures beaucoup plus rigoureuses que celles qu’on voudrait éviter aujourd’hui, et en vue desquelles on conseille l’emprunt. Les 600 millions de billets rentreront dans la circulation avec une dette annuelle de 27 millions de plus pour l’état, avec un poids nouveau mis sur le crédit public, et après des restrictions de toute nature qu’on aura dû imposer au commerce et à l’industrie. Voilà l’effet que peut produire le remboursement immédiat de la Banque de France par l’état. Ceux qui ont imaginé ce moyen de sortir d’embarras n’ont vu que la superficie des choses. Sans doute il n’est pas bon que le gouvernement reste indéfiniment avec une dette de 1,350 millions vis-à-vis de la Banque; mais il s’est engagé lui-même à la rembourser en sept ans, à raison de 200 millions par an. Qu’il remplisse cet engagement, et tous les intérêts seront satisfaits.

On a proposé aussi, à peu près dans le même ordre d’idées, l’augmentation du capital de la Banque; on suppose que, si elle avait lieu, elle aurait deux avantages : d’abord de fournir à notre principal établissement financier de nouvelles ressources avec lesquelles il pourrait continuer ses opérations d’escompte sans élever le taux de l’intérêt, ensuite de donner une garantie supplémentaire à la circulation fiduciaire, ce qui permettrait de l’étendre encore. Examinons la valeur de ce nouveau moyen. La Banque ne peut aug-