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d’unité, une extrême inégalité dans l’incidence de l’impôt, et des maîtres incapables, parce qu’ils étaient trop peu payés. Dans beaucoup d’écoles, on ne comptait pas plus de 5 à 10 élèves. La loi qui a établi les districts, a dit Horace Mann, est la plus détestable loi qui ait été votée dans l’Union. Depuis plusieurs années déjà, les rapports des surintendans des différens états signalent les inconvéniens du fractionnement en districts. Cette croisade des hommes compétens a porté ses fruits. La législature du Massachusetts a supprimé radicalement en 1869 les districts, en remettant au comité du township la propriété et l’administration des écoles. Dans les autres états où l’on avait adopté le système du Massachusetts, ce sont les habitans des townships qui successivement suppriment les districts. De cette façon, on introduit plus d’unité dans le service et on porte remède à un morcellement exagéré. Dans tous les états se manifeste une tendance marquée vers une plus forte centralisation dans l’organisation de l’enseignement. Comme les comités locaux sont juges souverains du choix des méthodes et des livres, il en résulte une diversité infinie. On sent le besoin d’une uniformité plus grande et d’une autorité qui puisse, sinon l’imposer, au moins la faire accepter par la persuasion. C’est un point sur lequel insistent les rapports de beaucoup de surintendans, notamment celui du Massachusetts. A cet effet, quelques états ont nommé des inspecteurs de comté, ce qui est une excellente mesure.

On se plaint également du renouvellement trop fréquent de toutes les autorités scolaires : surintendans, inspecteurs et membres des divers comités. On ne peut se faire une idée du nombre de personnes qui s’occupent de l’administration des écoles. Ainsi, dans l’Ohio en 1869, il y en avait 39,901. A Boston, le comité scolaire compte 72 membres, qui se subdivisent en neuf sous-comités et qui nomment encore un comité local, composé de 8 à 12 personnes, pour chacun des vingt quartiers de la ville. A New-York, le comité supérieur se compose de 21 membres nommés par les électeurs de la cité. Ils occupent un grand bâtiment et disposent d’un nombre suffisant d’employés; c’est tout un gouvernement, avec son parlement, son ministère et ses bureaux. Ils se divisent en quinze commissions permanentes. — En outre les écoles de chaque quartier, ward, sont administrées par un comité local de 5 trustees. Dans les campagnes, les comités du township et du district sont composés de 3, 6 ou 9 membres se renouvelant ordinairement par tiers tous les trois ans. Ce renouvellement fréquent, conforme aux habitudes de la démocratie en Amérique, a cet avantage qu’il amène un nombre très grand de personnes à s’occuper des intérêts scolaires; mais d’un autre côté il fait perdre les résultats de l’expérience acquise et