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Page:Revue des Deux Mondes - 1871 - tome 96.djvu/907

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de cuisant, et que, n’ayant guère paré au mal que par le remède en apparence assez doux des emprunts, nous n’avons pas assez éprouvé la douleur du traitement plus énergique que de tels maux exigent. Combien de gens oublient que nous entrons dans la série des épreuves, loin de l’avoir épuisée, j’entends au point de vue financier! Si nous prenons les évaluations officielles de nos pertes, avouerons-nous qu’elles nous paraissent plutôt diminuées? On a dit 9 milliards, en ajoutant aux 5 milliards d’indemnité 4 milliards environ pour les frais de la guerre étrangère et de la guerre civile, et les dommages subis. Ce chiffre ne risque-t-il pas de s’élever beaucoup, si un y ajoute la perte de deux de nos plus riches provinces, la longue suspension des travaux et l’annulation de tant de forces retenues sous les drapeaux, sans parler même de cette mauvaise récolte du fourrage en 1870, qui, à elle seule, eût paru un véritable sinistre, s’il ne s’était comme noyé dans tant d’autres à la fois plus étendues et plus tragiques? L’évaluation officielle de la production annuelle de la France à 9 milliards est-elle donc aussi dépourvue de toute exagération? Pour atteindre à ce chiffre, il faudrait bien de l’activité industrielle et une grande sécurité. Pour les 600 millions qu’il nous faut trouver en surcroît chaque année, l’emprunt, un emprunt nouveau, s’il dépassait une mesure assez modeste, ne ferait qu’y ajouter le poids d’une dette nouvelle; l’ancienne ne laisse pas d’être fort lourde. Qu’on songe que le dernier emprunt, mettant à profit tant de capitaux rendus oisifs par la guerre, que cet emprunt dont le succès a étonné l’Europe par le spectacle de notre vitalité économique, n’en a pas moins été souscrit à un taux de 6 pour 100, c’est-à-dire qui dépasse de près du tiers le taux habituel du crédit français. M. Casimir Perier n’a donc pas de peine à établir que force était d’en venir, — c’est toujours là qu’on arrive, — à de nouveaux impôts. Sur les impôts qui doivent rapporter, d’après les calculs de la commission, 531 millions, l’assemblée en a voté plusieurs dont le revenu probable est évalué à 400 millions. Nous n’avons pas à nous expliquer sur ces taxes. On ne saurait guère refuser l’approbation à la plupart; il en est quelques-unes pourtant dont l’aggravation et la nature même sont fort critiquables. Quant au revenu, qui, pour un certain nombre de ces contributions, s’annonce bien jusqu’à présent, et même dépasse ce qu’on en attendait, il sera en fin de compte ce que le feront les circonstances politiques. On sait que le gouvernement, très opposé au début à toute idée d’impôt sur le revenu, demandait 170 millions à un droit de douane de 20 pour 100. La commission, refusant de le suivre sur ce terrain, abandonné en partie, mais non pas en totalité à ce que nous croyons, par M. le ministre des finances, a réalisé la