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trois degrés progressifs d’instruction embrassant tout ce qu’il importe à l’homme et au citoyen de savoir ; puis viennent et l’école centrale dans chaque département et l’École normale à Paris ; les écoles spéciales pour l’étude de l’astronomie, de la géométrie, de la mécanique, des langues orientales, de l’art vétérinaire, de l’économie rurale, des antiquités, et enfin l’École polytechnique. Que dire encore de ces autres mesures qui touchent de plus près au luxe public ? Ce sont celles d’abord que nous avons citées, ce sont encore les récompenses nationales pour les grandes découvertes, les voyages scientifiques payés par l’état, qui se charge aussi de l’entretien des artistes à Rome. Assurément tout cela peut être hautement loué. La convention en outre discutait et notait les articles les plus importans du code civil, elle mettait en mouvement le télégraphe, elle inaugurait le système décimal, elle établissait l’uniformité des poids et mesures, elle fondait le bureau des longitudes, elle instituait le grand-livre, elle agrandissait le Muséum d’histoire naturelle, elle créait le Conservatoire des arts et métiers. On ajoute enfin qu’elle créait l’Institut. Il y aurait lieu de remarquer que ces créations sont de dates fort diverses, que cette période compte plus de proscriptions que d’encouragemens pour les lettres ; mais ne voyons que l’ensemble, et rendons hommage à ce qu’il présente d’imposant au milieu de tant de luttes terribles où les partis mettaient leurs têtes comme enjeu.

Ici se pose pourtant une question délicate. La convention eut-elle raison de supprimer les anciennes académies ? Bien qu’on puisse considérer tous ces établissemens comme rentrant dans la catégorie du luxe national, nous ne nous occuperons ici que de cette Académie des beaux-arts qui, par les œuvres qu’elle produit ou encourage, contribue au luxe public, et qui dès lors offre avec cette dernière question le lien le plus étroit. Sur le décret général du 8 août 1793, qui abolissait les académies et toutes les autres « sociétés littéraires patentées et dotées par la nation, » nous ne dirons qu’un mot : ce décret, la plupart des écrivains, même favorables à la révolution, l’ont blâmé. Tout en louant la pensée d’une réorganisation au sein d’un corps plus vaste, comme devait être l’Institut, ils se sont élevés contre cette suppression radicale brutalement accomplie qui fermait l’Académie française, qui, bien qu’avec plus de ménagemens pour les personnes, frappait l’Académie des Sciences, remplie d’hommes de premier ordre, et cela au moment même où la France réclamait son concours pour les œuvres de la guerre comme pour les travaux de la paix !

Quant à l’Académie de peinture et de sculpture, plus ou moins modifiée sous la forme actuelle de l’Académie des beaux-arts, avec laquelle elle s’est fondue, un maître en critique d’art comme en