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exigence ; s’il n’a pas réussi à faire inscrire dans le traité le principe d’une réduction proportionnelle de l’armée d’occupation, aucun reproche ne saurait l’atteindre, la décision ne dépendant pas de lui seul et l’Allemagne ayant le droit de s’en tenir, à tort ou à raison, aux conventions antérieures. Quels sont les motifs pour lesquels le cabinet de Berlin a résisté si obstinément aux argumens équitables qui lui ont été opposés ? S’il a voulu conserver sur le sol français, jusqu’à la dernière heure de l’occupation, une armée nombreuse, ou si du moins il n’a pas voulu s’engager formellement à la réduire, ce n’est point pour la vaine satisfaction de camper plus longtemps en France avec l’appareil de guerre, ni pour l’économie que lui procure l’entretien à nos frais de 50,000 hommes ; de telles considérations seraient indignes d’un grand gouvernement. Il faut plutôt attribuer sa résolution aux inquiétudes qu’il éprouve ou qu’il affecte au sujet de notre politique intérieure, à la crainte de complications qui livreraient le pouvoir au parti révolutionnaire. L’occupation à outrance et en force répond aux cris de guerre à outrance que l’on entend parfois encore retentir de ce côté des frontières. Au lieu d’une simple garnison, qui serait même inutile, cela nous vaut le poids d’une armée. La ferme attitude du gouvernement et des partis sensés devrait enlever à l’Allemagne les motifs ou les prétextes dont elle abuse pour aggraver sans nécessité la situation que les événement nous ont faite. Il est de l’intérêt des deux pays de hâter le moment où, d’après les prévisions des traités et selon les paroles échangées, l’occupation matérielle de notre territoire sera remplacée par des garanties financières. En attendant, il appartient au gouvernement et à l’assemblée nationale de prendre les mesures nécessaires, afin que la présence des troupes étrangères soit rendue le moins onéreuse pour les départemens qui sont condamnés à la subir.

Dans cet examen du traité du 29 juin et des critiques auxquelles cet acte a donné lieu, nous n’avons jusqu’ici tenu compte que de l’intérêt français ; il n’est pas moins nécessaire de rechercher quel a été dans ces négociations l’intérêt de l’Allemagne et d’étudier par quels moyens la France peut espérer avant le terme fixé sa libération complète, en achevant l’œuvre diplomatique commencée par les conventions de Berlin et de Versailles.


II

Lorsque la France négocie avec l’Allemagne sur les questions territoriales et financières qui ont été une première fois réglées par les préliminaires de paix du 26 février 1871, puis par le traité