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ner ce travail préliminaire de façon à en tirer quelque avantage, si on le pouvait. Au fond, c’est là tout le traité. Aurait-il été possible d’obtenir dès ce moment une évacuation plus complète au moyen de garanties financières offertes par de puissans syndicats européens et acceptées par l’Allemagne ? On a paru le croire un instant. En réalité, il est peu probable que ces garanties eussent balancé aux yeux du cabinet de Berlin l’intérêt politique et militaire qu’il attache à l’occupation. Dans tous les cas, c’est une ressource qui reste pour le dernier milliard quand on en sera là.

Sans doute la convention qui a été signée à Versailles le 29 juin et qui a été ratifiée par l’assemblée quatre jours après, cette convention ne fait pas que la paix qui nous a été infligée soit moins dure ; elle ne ferait plutôt que nous rappeler cet immense et ineffaçable deuil. Telle qu’elle apparaît, elle résout le problème d’une réalisation prévue des plus exorbitantes conditions que la force victorieuse ait jamais imposées, et dans ses détails elle offre les seuls adoucissemens, les seuls avantages qu’on pût attendre. Elle assure à la France les moyens d’organiser, d’anticiper sa libération par des paiemens fractionnés et d’arriver ainsi à l’évacuation de deux départemens dans quelques semaines, de deux autres départemens avant le printemps de 1873. Elle fixe les étapes de la retraite des armées étrangères, et même, qu’on le remarque bien, cette prolongation possible de l’occupation pendant une année, jusqu’au 2 mars 1875, cette prolongation, qui a paru surprendre au premier abord, n’est point une obligation ; c’est une sorte de précaution contre l’imprévu, une facilité de plus dont le gouvernement n’a point l’intention de se servir, mais qui lui laisserait une certaine latitude, si des circonstances inattendues venaient à entraver notre complet et rapide acquittement. Nous ne voulons pas grossir ces avantages, ils sont mêlés de trop d’amertumes qu’il n’était au pouvoir de personne de nous épargner, et quant à la pénible nécessité de laisser le fardeau tout entier de l’armée allemande peser sur les derniers départemens qui resteront occupés, le gouvernement s’est engagé à prendre des mesures pour établir les troupes étrangères de la façon la moins gênante pour les populations. Somme toute, avouons-le, si on écarte les illusions, si on reste dans la modeste et rigoureuse réalité où nous sommes obligés de vivre, ce qui était possible par une négociation a été fait, et ce qui est à faire aujourd’hui, c’est cet emprunt qui complète l’œuvre diplomatique, qui doit mettre à la disposition du gouvernement les ressources nécessaires pour conduire la France à ce jour désiré où elle retrouvera de nouveau sa liberté tout entière, où elle verra le dernier soldat étranger quitter son territoire.

M. de Rémusat le dit avec une prévoyante et patriotique raison : « notre libération territoriale n’est plus qu’une question de finance ; tout dépend de la puissance de notre crédit, du bon ordre de nos finances,