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à chaque page, est animé par le désir de donner torts les renseignemens capables d’éclairer ceux qui voudront travailler pour l’avenir de la colonie. Une explication de plusieurs titres et la signification de certains termes en usage parmi les Malgaches rendront désormais plus faciles les rapports des Européens avec les indigènes. L’aspect et les ressources du pays sont indiqués à grands traits ; en présence d’une nature étrange qui plus tard fera l’admiration des naturalistes, Flacourt n’a été nullement frappé ; il parle de Madagascar exactement comme il parlerait d’une province de la France. L’île est remplie de montagnes couvertes de bois, elle a de bons pâturages, des campagnes arrosées de rivières, des étangs poissonneux ; elle nourrit un nombre considérable de bœufs ayant tous sur le dos une bosse ou plutôt une sorte de loupe graisseuse, des moutons à grosse queue, des cabris, des pintades. De bons fermiers ne sauraient demander davantage. Ce que rapporte notre auteur au sujet de la nature des habitans de Madagascar soulève une question intéressante, et laisse l’esprit dans une singulière indécision : l’île est partagée en plusieurs régions occupées par des peuples de même langage, mais de couleur différente. Flacourt s’étonne peu et ne se préoccupe guère de cet assemblage, qui révèle des invasions successives, peut-être des conquêtes ayant amené la domination des uns, l’asservissement des autres. Parmi ces peuples, on n’a pu reconnaître aucune religion ; mais chez ceux de la bande du sud on a découvert des superstitions provenant du mahométisme, et vers la bande du nord quelques coutumes du judaïsme. C’est la preuve que les Orientaux connaissaient Madagascar bien longtemps avant les Européens ; on croit en effet pouvoir fixer au. VIIe siècle l’époque où des Maures et des Arabes s’établirent sur la grande île.

Les provinces de la côte orientale jusqu’à la baie d’Antongil et les territoires de la partie méridionale, en remontant à l’ouest jusqu’à la baie de Saint-Augustin, sont énumérés par notre historien. Flacourt décrira « tous les pays qui ont été découverts par les Français en plusieurs voyages qu’ils ont faits, tant en guerre qu’en traite et marchandise. « Il est bon pour notre instruction de suivre d’une manière rapide nos compatriotes du XVIIe siècle dans leurs pérégrinations ; nous jugerons mieux ensuite du progrès réalisé par de nouveaux explorateurs, et nous pourrons plus aisément apprécier les changemens survenus dans la condition de certaines parties de la Grande-Terre. On part du fort Dauphin, traversant le pays des Antanosses et marchant sur le littoral toujours dans la direction du nord. A trois lieues de l’établissement français se trouve la rivière de Fantsaïra, si large à son embouchure et d’une telle profondeur qu’elle donnerait accès aux navires, si l’on faisait quelques travaux