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Tandis que les missionnaires anglais observaient les mœurs et les usages des Ovas en s’efforçant d’amener ce peuple à la civilisation européenne, Madagascar était l’objet d’études particulières, relatives soit à la géographie, soit aux sciences naturelles. Plusieurs hommes distingués de l’île Maurice, Lislet-Geoffroy, Le Mayeur, Chapelier, Fressanges, Dumaine, après avoir visité diverses parties des côtes de la grande île africaine, ont donné des descriptions fidèles de certaines localités[1]. Un peu plus tard, des officiers de marine ont fourni de précieuses indications sur des baies ou des ports, sur Nossi-Bé, Nossi-Mitsiou, etc.[2]. L’un d’eux, M. Bona-Christave, s’est occupé d’une manière assez générale de la géographie de la Grande-Terre[3] ; il a rappelé ce que fut Madsanga à l’entrée de la baie de Bombétok, la seule ville de Madagascar digne de ce nom, alors que Tananarive était encore inconnue. Bien accueillis par les rois sakalaves de la province de Bouëni, les Arabes construisirent des maisons de pierres entourées de jardins, et donnèrent à la ville une sorte de splendeur. La conquête des Ovas fut suivie de la destruction de Madsanga ; quelques années plus tard, des ruines indiquaient au voyageur l’ancienne importance de la Taste cité, centre des relations de la grande île africaine avec l’Arabie.

Le capitaine Guillain, qui explora la côte occidentale de Madagascar en 1842 et 1843[4], a recueilli des renseignemens sur le commerce dans les différens ports, et s’est appliqué d’autre part à retracer l’histoire des Sakalaves ; — le même sujet venait d’être traité par M. Noël[5]. Ces travaux, estimables à certains égards, n’ont jeté aucune lumière sur l’origine de la nation qui avant les progrès des Ovas était la première en puissance sur la Grande-Terre. Les noms des rois ou des chefs, la mention des succès ou des revers des différentes tribus en lutte les unes avec les autres, composent toute l’histoire des anciens Sakalaves ; les élémens en sont puisés dans la narration de Drury[6] et dans des traditions orales

  1. Voyez diverses notices dans les Annales des Voyages et Essai sur Madagascar ; Statistique de l’île Maurice, par le baron d’Unfenville, t. III, p. 223 (1838).
  2. Jehenne, Renseignemens nautiques sur Nossi-Bé, Nossi-Mitsio, Baratou-Bé, Paris 1843.
  3. Annales maritimes et coloniales, t LXXXVII, p. 498 ; t. LXXXVIII, p. 800,1844.
  4. Documens sur l’histoire, la géographie et le commerce de la partie occidentale de Madagascar, — Annales maritimes et coloniales, 1843-1845.
  5. Bulletin de la Société de géographie, 2e série, t. XIX et XX, 1843 ; 3e série, t. Ier, 1844.
  6. Voyez la Revue du 1er juillet, p. 69.