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Onimus et Legros, — le courant de la pile, appliqué sur la moelle, accroît, s’il est ascendant, l’excitabilité de cet organe et par suite sa faculté de déterminer, des phénomènes réflexes ; il agit d’une façon contraire, s’il est descendant.

Lorsqu’on électrise directement le cerveau des animaux, il survient des modifications circulatoires dont nous avons déjà parlé, mais on n’observe pas de phénomènes spéciaux. L’animal ne manifeste aucune douleur, aucun mouvement ; il éprouve une tendance au sommeil, une sorte de stupeur et de calme. Certains médecins ont été jusqu’à proposer l’électrisation du cerveau comme moyen de développer et de perfectionner les facultés intellectuelles. Rien n’autorise à croire jusqu’ici qu’une telle pratique puisse avoir la moindre influence favorable sur les fonctions de la pensée. Ce qui est certain au contraire, c’est que l’agent électrique ne doit être appliqué qu’avec une extrême prudence aux régions encéphaliques, et qu’il y porte très facilement le désordre. Un courant fort peut très bien y amener la rupture des vaisseaux et par suite une hémorragie grave.

Enfin l’électricité stimule tous les organes des sens, Appliquée sur la rétine, elle l’excite et détermine des sensations lumineuses des éblouissemens. Lorsqu’elle traverse l’appareil de l’audition, elle y provoque un bourdonnement particulier. Mise en contact avec la langue, elle fait éprouver une sensation métallique et styptique assez caractéristique. Enfin elle développe dans la muqueuse olfactive une envie d’éternuer et, paraît-il, une odeur ammoniacale.

Les courans n’agissent pas seulement sur les nerfs cérébro-spinaux et les muscles de la vie de relation, ils affectent aussi le système nerveux et le système musculaire qui servent aux fonctions de la vie nutritive. L’électricité d’induction, appliquée aux muscles de la vie nutritive, les fait contracter au point de contact des pôles, mais la partie située entre les pôles reste immobile. Les courans continus produisent, au moment de la fermeture du circuit, une contraction locale au niveau des pôles, puis l’organe entre en repos ; s’il est en activité, il cesse de se mouvoir. Dans le cas de l’intestin par exemple, les mouvemens péristaltiques sont abolis ; chez un animal en parturition, on peut suspendre au moyen de l’électricité les contractions utérines. En général cet agent supprime les spasmes de tous les muscles qui ne sont pas soumis à la volonté.

Tous ces faits relatifs à l’action de l’électricité sur les muscles et les nerfs ont donné lieu, surtout en Allemagne, à de laborieuses spéculations auxquelles se rattachent les noms de MM. Dubois-Reymond, Pflüger et Remak. Les doctrines de ces savans physiologistes sur l’état moléculaire des nerfs dans leurs différens modes