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combien les courans électriques, mais les courans continus seuls, pourront un jour rendre de services dans les affections cérébrales. C’est un point sur lequel il est important d’appeler l’attention des médecins aliénistes. Jusqu’ici on n’a vu dans l’électricité qu’un excitant énergique. Ce qui est vrai pour les courans interrompus ne l’est pas pour le courant de la pile. Loin d’être toujours un excitant, ce dernier, comme le soutenait Hiffelsheim, peut devenir dans certaines conditions un sédatif, un calmant. Cette influence sur la circulation, jointe au pouvoir électrolytique du courant de la pile, permet d’y avoir recours pour le traitement d’engorgemens de diverse nature. On guérit par ce moyen les engorgemens des ganglions lymphatiques, des glandes parotidiennes, etc. Le courant agit ici à la fois sur la contractilité des vaisseaux et sur la composition des humeurs.

C’est surtout dans les cas de paralysie que l’électricité montre toute sa puissance curative. Les paralysies surviennent chaque fois que les nerfs moteurs sont séparés des centres nerveux par une cause traumatique ou par une modification de texture qui leur fait perdre leur excitabilité. Lorsque le nerf est détruit, la paralysie est incurable ; mais, lorsqu’il n’est que malade, on peut dans la plupart des cas rétablir ses fonctions par le traitement électrique. Comme alors il y a toujours une certaine atrophie musculaire, on dirige l’électricité en même temps sur les nerfs et sur les muscles, et on emploie concurremment le courant de la pile et le courant d’induction. En général le premier modifie la nutrition générale et rétablit l’excitabilité nerveuse, le second stimule la contractilité des fibres musculaires. La différence d’action des deux espèces des courans est manifeste dans certaines paralysies, où les muscles ne se contractent plus par les courans induits, tandis que sous l’influence des courans constans ils se contractent mieux que des muscles sains. Les expériences faites, il y a quelques années, au laboratoire de M. Robin sur des cadavres de suppliciés ont prouvé qu’après la mort la contractilité musculaire peut encore être excitée par les courans de Volta, alors qu’elle ne répond plus au courant de Faraday.

Quand les nerfs moteurs se trouvent dans un état d’excitation morbide, ils déterminent des contractions des muscles qui sont permanentes (spasmes toniques) ou intermittentes (spasmes cloniques). Les différens nerfs moteurs qui sont le plus souvent excités sont le nerf facial, les filets nerveux de l’avant-bras ou des doigts, qui sont affectés dans la crampe des écrivains[1], et les

  1. La crampe des écrivains consiste dans une sorte de spasme des muscles des doigts, qui les empêche de se contracter régulièrement pour tenir et diriger une plume ou pour appuyer sur les touches d’un piano, tandis que les muscles de la main et de l’avant-bras conservent toute leur force normale.