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LES METHODES
DANS
L'ENSEIGNEMENT SECONDAIRE

Quelques mots sur l’Instruction publique en France, par M. Michel Bréal, professeur au Collège de France.

Le livre de M. Bréal vient à propos pour nous remettre devant les yeux cette question de l’enseignement, qu’il ne faudrait jamais perdre de vue, et que tant de motifs concourent à effacer de notre souvenir. Au premier moment de ses désastres, la France ne s’abusa point sur les causes qui les avaient amenés ; elle connut son mal et souhaita d’en être guérie. Ce fut un cri général qu’il fallait imiter l’exemple qu’avait donné la Prusse en 1807, relever le niveau des intelligences, répandre l’instruction à flots, fonder des écoles ou rajeunir celles qui existaient par des méthodes nouvelles, apprendre à lire au peuple, rendre aux classes lettrées le goût des études sérieuses, préparer enfin par le travail des générations plus saines et plus fortes pour l’avenir. Tous les partis paraissaient alors adopter ces principes ; on les lisait sur tous les drapeaux, et il semblait que tout le monde fût d’accord pour les faire triompher. Malheureusement de pressantes nécessités appelèrent d’autres côtés l’attention des législateurs ; on eut le temps de se raviser et de se diviser. Les divergences d’opinions reparurent, les beaux programmes furent oubliés. Cette question de l’enseignement, qui devrait réunir tous les esprits, est aujourd’hui l’une de celles qui les séparent. On l’écarté on l’éloigné, on en parle le moins qu’on peut, de peur de provoquer des luttes fâcheuses et de créer quelques divisions de plus dans un pays déjà si misérablement divisé.