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mesures qu’il convient de prendre, si l’on veut réussir. Plein de dureté et maladroit, semble-t-il, dans ses relations avec les Malgaches, l’ancien chef de la colonie déclare indispensable l’action douce et patiente des missionnaires. Folles, pense-t-il justement, sont les compagnies qui espèrent en peu de temps réaliser de gros bénéfices, et abandonnent tout au moment où les opérations les plus difficiles sont accomplies ; il faut défricher, labourer, ensemencer et attendre la moisson. Notre historien regarde comme facile d’établir dans de bonnes habitations des colonies de travailleurs sur différens points de ce pays, « où l’on a de toutes les choses en excès pour le vivre, le vêtement et le logement. « Il recommande la culture du tabac, de l’indigo, du coton, de la canne à sucre ; il conseille l’entretien de ruches d’abeilles, l’éducation des vers à soie indigènes, la récolte de la soie, qui est partout en quantité, des gommes, des pierres précieuses, la chasse des bœufs sauvages pour amasser des cuirs ; il engage à installer des forges, car le minerai de fer est très répandu, les ruisseaux et les cascades sont en grand nombre, le bois est à profusion.

L’assistance que de sages colons trouveraient dans la population n’est pas douteuse ; — les nègres servent sans difficulté, des maîtres de villages offrent de cultiver les terres moyennant le partage de la récolte, et les Français qui consentent à demeurer avec eux, à se lier en épousant leurs filles ou leurs parentes, obtiennent tout ce qu’ils veulent. Les avantages pour la marine des forêts de Madagascar ne sont pas oubliés ; la possibilité pour les navires retournant en France chargés des produits de la grande île africaine de toucher dans les ports d’Amérique est particulièrement signalée. Flacourt insiste sur la nécessité de choisir les gens qui seront admis à passer sur la Grande-Terre. Il veut un commandant général, de bons lieutenans, une milice, afin d’assurer la protection de chaque groupe de colons. Il demande d’abord des cultivateurs, ensuite de vrais ouvriers de tous les états ; il ne faut ni vagabonds ni femmes débauchées. « Il y a, dit-il, assez de femmes de toutes couleurs, blanches et noires, au choix de ceux qui les voudront épouser. » Il ne manque pas d’énumérer en détail les objets dont on doit se munir pour trafiquer avec les habitans : verroteries, rassades rouges et bleues et d’autres nuances vives, grains de corail, grenats, chaînettes de cuivre, mercerie, quincaillerie, étoffes. En (in il prescrit les dispositions à prendre par la compagnie pour tenir en dépôt les marchandises et en. céder aux colons. De précieux renseignemens étaient donnés, un admirable programme était tracé ; on ne sut en profiter d’aucune façon.