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c’est que la nature énergique de mon tempérament et de. mon caractère ne fait que s’accroître.


À bord de la Reine-Blanche, le 12 juillet 1848. Rade de Sainte-Marie de Madagascar.

J’ai des affaires par-dessus les yeux. Je vous remercie de ne m’avoir pas oublié au milieu de toutes vos tribulations. Je suis prêt à tout événement. Je ne vous écris pas, parce que dans ce chaos où nous sommes je ne sais pas où ma lettre pourrait vous atteindre. Nous n’avons aucune nouvelle de France depuis quatre mois et demi. J’avais bien envie d’écrire à M. de La Grange, mais je supprime ma lettre pour la même cause. Du reste je me porte bien ; j’ai l’esprit parfaitement calme. Rien ne me surprend ni ne m’éblouit. Quand je pense que cette lettre ne vous sera pas remise avant quatre mois d’ici, ma plume se glace. — J’agis absolument comme si je devais rester ici, et ce qu’il y a de curieux, c’est que le ministère m’écrit comme s’il n’avait jamais été question de mon remplacement. — Du reste je puis bien vous dire, à vous, qu’il serait bien sot de me remplacer, car la position est difficile.


À bord de la Reine-Blanche, le 9 août 1848. Saint-Denis, île de la Réunion.

Les renseignemens qui nous arrivent de France sont si alarmans, si contradictoires, que je vous écris seulement pour vous donner signe de vie. On ne nous parle que d’égorgemens, de combats, de luttes sanglantes.

À bientôt ; on dit que mon remplaçant est en route.

Dieu sauve la France !


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