Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 101.djvu/271

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est d’activer l’organisation des forces destinées à débloquer Paris… Les contingens militaires forment désormais deux armées comprenant chacune environ 80,000 hommes, l’une sur la Loire et qui va s’avancer sur Paris, l’autre ayant pour centre… » L’armée de 80,000 hommes sur la Loire, c’était tout simplement le premier noyau du 15e corps, qu’on se hâtait, dès les premiers jours d’octobre, de pousser en avant d’Orléans, à la rencontre de l’armée allemande, qui débordait déjà jusqu’à Toury, au-delà d’Étampes. Le résultat était facile à prévoir avec des hommes mal armés, mal équipés, mal soutenus par une artillerie insuffisante : ce fut la retraite précipitée de ces forces novices après un combat assez vif à Artenay, — retraite suivie de la première occupation d’Orléans par le corps bavarois de von der Tann et couronnée par la révocation du général de Lamotterouge, qui pourtant n’avait fait qu’obéir à un ordre venu de Tours en envoyant ses bataillons au feu avant l’heure. C’est du reste le système qu’on commençait à suivre avec les généraux. On destituait le général de Lamotterouge à Orléans, on emprisonnait ou on laissait emprisonner le général Mazure à Lyon. On organisait de cette manière, à la mode révolutionnaire, si bien que l’amiral Fourichon, impuissant et indigné, ne voulait plus rester chargé de l’administration de la guerre, et, — chose curieuse en un tel moment, — pendant quelques jours, il n’y avait plus même de ministre de la guerre !

C’est alors que M. Gambetta tombait subitement à Tours comme un messager de Paris investi, venant porter à la province le mot de ralliement de la défense et, pour ainsi dire, la parole vivante de la grande cité assiégée. Quelle était à ce moment, au 9 octobre, la situation militaire ? Paris était fermé depuis vingt jours déjà et si étroitement bloqué, que rien ne pouvait plus passer à travers les lignes prussiennes. L’investissement une fois organisé, l’état-major allemand, campé à Versailles, s’était occupé de la protection extérieure du blocus. Il avait immédiatement jeté dans la Beauce des divisions de cavalerie avec quelque infanterie pour nettoyer le pays, pour disperser les rassemblemens qu’on rencontrerait, et surtout pour assurer le ravitaillement de l’armée de siège par un système de larges et implacables réquisitions. Dans l’ouest, des détachemens s’avançaient sur Chartres. Dans la direction de la Loire, par Etampes, les premiers cavaliers lancés en avant étaient bientôt suivis du corps bavarois tout entier sous les ordres du général von der Tann, à qui on donnait de plus une division d’infanterie prussienne et une nouvelle division de cavalerie. C’est justement cette armée qui, après le combat d’ Artenay, allait occuper Orléans le 11 octobre, et qui était destinée à jouer un certain rôle dans les affaires de la Loire.