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LE SOCIALISME
AU XVIe SIÈCLE.

DERNIÈRE PARTIE[1].

LES ANABAPTISTES NÉERLANDAIS ET LE SIÈGE DE MUNSTER.

La réforme de Luther fat accueillie dans les Pays-Bas avec autant de faveur que dans la Saxe et les autres provinces du nord de l’empire germanique. Les villes de la Hollande, du Brabant et de la Frise avaient dû aux corporations d’artisans et aux associations de négoce, qui furent la source de leur prospérité et de leur puissance mercantile, une autonomie municipale dont l’extension graduelle les constitua en de véritables républiques. Ce régime, mélange d’aristocratie et de démocratie, développa chez les habitans un esprit d’indépendance contre lequel eurent bien souvent à lutter les princes qui exerçaient sur eux un droit de suzeraineté. Aussi le peuple néerlandais ne subit-il qu’à regret la domination de la maison d’Autriche. Il ne supporta qu’impatiemment le joug que lui imposait Charles-Quint lorsque, déléguant à des membres de sa famille une autorité qu’il entendait maintenir entière et absolue, il s’efforça de l’agrandir au détriment du duc de Gueldres et d’ajouter à l’héritage de Marie de Bourgogne les autres provinces des Pays-Bas. Il suffisait que l’orgueilleux empereur se déclarât le défenseur de l’église et le protecteur zélé de la foi catholique pour que les bourgeois des

  1. Voyez la Revue du 15 juillet et du 15 septembre.