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saint Louis au profit d’une grande race d’origine étrangère. C’était la maison da Guise, famille héroïque autant qu’ambitieuse, émigrée de Lorraine pour avoir essayé d’évincer sa branche aînée de la duché patrimoniale. Elle vint fonder en France sa grandeur sur d’éclatans services qu’elle rendit, et sur la disgrâce des cadets de la maison royale, qu’elle exploita. À cette entreprise la Francs a dû de mémorables avantages, tels que la défense de Metz et la prise de Calais, mais aussi des jours néfastes, tels que furent ceux de la Saint-Barthélémy et de la domination de la ligue. De même que les guerres religieuses d’Allemagne avaient eu pour aliment l’intérêt et l’ambition des princes du pays, de même les guerres civiles de France ont eu pour aliment, pendant la dernière moitié du XVIe siècle, la rivalité des maisons de’’ Guise et de Bourbon, l’une ayant pour point d’appui le parti catholique français et l’assistance de Philippe II, l’autre ayant pour point d’appui les réformés de France soutenus par Elisabeth d’Angleterre. Entre ces partis de religion, un grand parti politique et national, détaché du catholicisme gallican, finit par faire pencher la balance du côté de l’intérêt français et des Bourbons, qui avaient pour eux la loi fondamentale de la monarchie française. La lutte des deux maisons avait commencé par une querelle d’étiquette, elle finit par une compétition à la couronne.

Je ne veux point retracer les alternatives de répression et de concession par où passa d’abord le gouvernement des Valois, par rapport à la réforme, ni les tentatives d’apaisement et de transaction qui honorent l’administration du chancelier de L’Hôpital, ni l’histoire de la régence orageuse de Catherine de Médicis, après la mort de François IL Cela est écrit partout. Les partis exaltés se préparaient à la guerre civile dès 1560; conjurée un instant, elle éclata en 1562, à la suite du massacre de Vassy, qui fut l’œuvre des Guises, et depuis lors, quoique sept fois suspendue, elle a, pendant plus de trente ans, ensanglanté la France, l’a couverte de ruines et mise en danger de périr. Tout le monde en connaît les funestes épisodes; elle eut pour premier instigateur Philippe II, pour organisateurs les Guises, tous avec des intentions diverses ; elle eut pour acteurs