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Les études comprennent : la tenue des livres, le droit commercial, l’arithmétique, la correspondance, l’économie politique et l’administration civile. Dans la plupart de ces institutions, les langues française, allemandes espagnole sont enseignées ; il est regrettable de dire combien l’introduction de cette branche d’enseignement rencontre de difficultés. Cependant on ne se rebute pas, et l’on espère pouvoir entrer en relation avec les écoles de commerce en Europe. La correspondance joue un grand rôle dans les écoles américaines ; le collège Packard de New-York reçoit en moyenne, par jour, une centaine de lettres des collèges provinciaux. Ces lettres contiennent des expéditions de marchandises qui doivent être vendues soit au compte de l’expéditeur, soit au compte du cosignataire, des ordres d’achat à exécuter, des comptes d’opérations commerciales accompagnés de lettres de change, billets à échéance, en un mot tous les détails qui entrent dans la correspondance commerciale des grandes maisons. Cet exercice permet de juger des progrès et des aptitudes des élèves, et il établit une saine émulation entre les jeunes gens des différentes écoles, tout en étendant le cercle de leurs idées.

On ne peut donner une meilleure idée du caractère et de la portée des études qu’en résumant les opérations quotidiennes de l’école de New-York. Il y a cinq jours de classe par semaine, et les cours durent de neuf heures du matin à deux heures de l’après-midi. La moyenne des élèves est de 300. Les règlemens sont sévères sous le rapport de l’exactitude. Tous les élèves sans distinction doivent prendre une leçon d’écriture d’au moins une heure ; une très grande importance est attachée à l’écriture par les maisons de commerce américaines, et l’école de New-York produit, sous ce rapport, d’excellens élèves ; c’est une des causes de son succès.

L’école est divisée en deux classes, l’une pour la théorie, l’autre pour la pratique. Dans la première, toutes les opérations commerciales sont analysées et démontrées ; on y enseigne le droit commercial et les langues vivantes. La seconde classe, où l’élève ne peut entrer qu’après six mois d’études, n’est autre chose qu’un monde d’affaires en miniature : elle est exclusivement consacrée à la pratique. L’élève commence comme un petit négociant, avec un capital fictif, dont il doit diriger tous les mouvemens. Il y a une banque ; on sait quels immenses avantages les États-Unis ont tirés de ces institutions. Or, dans cette banque, l’élève négocie ses emprunts, dépose ses recettes et entretient un compte-courant. Au terme de ces opérations simulées, il fait son inventaire, et il arrête ses écritures pour passer à une autre branche de commerce. Il se familiarise ainsi successivement avec les divers négoces. Il entre ensuite dans une maison de commission où il traite avec les manufacturiers, reçoit des marchandises de pays étrangers, les passe en douane, ce qui n’est pas une petite affaire, surtout à New-York ; en un mot, il fait les