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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 102.djvu/433

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se sont élevés aussi haut, les sommes reçues des tiers à divers titres dépassent 136 millions, et cela est surtout remarquable alors qu’en même temps la clientèle achète plus que jamais des valeurs de Bourse, et fait ses versemens anticipés sur nos derniers emprunts. — Quelles ressources inépuisables présente donc notre pays, qui peut payer, dépenser et économiser à lia fois dans des proportions gigantesques, et de quels progrès le travail est-il susceptible en France, si la paix se maintient au dedans et au dehors ! — La Société générale, pour devenir notre première société de crédit, n’a qu’à persévérer dans la régularité des services qu’elle rend ; mais on comprend tout ce qu’une action aussi disséminée exige de vigilance dans l’administration. Ajoutons que la partie la plus difficile de la tâche est celle qui consiste dans l’emploi même des ressources affluant de toutes parts, comme dans la rémunération du capital social, signe le plus irrécusable de la prospérité d’un établissement financier. Avec son organisme puissant, la Société générale ne peut pas se contenter de succès médiocres ; dans notre pays, la défiance vient trop vite, et le moindre ébranlement de ce grand corps serait un danger public. Il lui faut de toute nécessité atteindre à la fortune de certaines banques anglaises ou de la Société belge son homonyme. Heureusement on peut dire qu’elle est en bon chemin.

Le Crédit lyonnais doit son origine, ses développemens et sa fortune au président de son conseil d’administration. M. Henri Germain, aujourd’hui député de l’Ain et l’un des orateurs de l’assemblée les plus écoutés dans les discussions financières, n’était qu’un jeune homme riche, intelligent et instruit, quand il voulut doter sa ville natale d’une caisse de dépôts pour les petites bourses et de crédits pour les petites gens. Lyon possédait, comme il possède encore, de grandes puissances financières capables de gérer toutes les épargnes : il n’avait pas une banque ouverte presque gratuitement pour recevoir les plus petites sommes, toucher les coupons les plus faibles et garder les moindres titres.

Le Crédit lyonnais a été formé sur le modèle des banques provinciales d’Angleterre, en y ajoutant toutes les facilités que réclame le public français. Les succès, lents d’abord, se sont accélérés : à l’heure présente, il a 12,000 comptes de chèques ouverts à Lyon seulement ; la somme que lui confie le public à divers titres dépasse 100 millions, soit 200 pour 100 de son capital, récemment porté de 20 millions à 50 millions, et dont la moitié seulement est versée. Ce nombre de comptes ouverts dans une seule ville indique bien la nature du but poursuivi et atteint par le Crédit lyonnais, à savoir la constitution de l’épargne populaire. Comme il n’y a pas de minimum, de chiffre de dépôt, les plus petits versemens peuvent servir à ouvrir un compte : aussi les ouvriers, les domestiques, les