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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 102.djvu/499

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 novembre 1872.

On a bien assez vécu pendant ces trois mois de discours, de manifestes, d’épîtres, de polémiques, c’est-à-dire de bruit, d’ombres et d’apparence. Les discours de banquets et de réunions habilement préparées sont des monologues plus ou moins retentissans qui se perdent dans l’air. Les polémiques s’épuisent à tourner dans le même cercle de divagations et de récriminations. Les lettres et les manifestes, en se multipliant, ne font qu’ajouter à l’obscurité et à la confusion. À ce régime de la contradiction universelle et stérile, on aurait fini par perdre tout à fait le sens de la vérité des choses. C’est aujourd’hui le moment ou jamais de rentrer dans la réalité, de serrer de plus près toutes ces questions qui flottent dans une sorte de vague troublé et indéfini, de savoir ce qu’on veut et ce qu’on peut.

L’assemblée nationale est en effet de nouveau réunie à Versailles, où elle a repris ses séances depuis trois jours. C’est à elle que tout vient aboutir désormais, c’est devant elle que toutes les idées, toutes les politiques, tous les projets sont tenus de se préciser et de prendre une forme, c’est par elle que tout peut s’accomplir, le bien ou le mal. Les difficultés et les problèmes sont là pressans, impérieux, il n’y a plus moyen de les éluder, et puisque cette assemblée, qui est évidemment une réunion de sages et de patriotes, a cru devoir, avant sa séparation au mois d’août, ordonner des prières publiques pour la veille du jour où elle se remettrait à l’œuvre, elle n’a pu certes mieux faire que de demander au Dieu des peuples malheureux et des parlemens dans l’embarras de lui envoyer surtout le sentiment des responsabilités qui pèsent sur elle. Ces responsabilités sont incontestablement redoutables, elles se résument dans un seul fait qui caractérise l’état où la France est arrivée. Voilà un pays calme et facile, ce qu’on peut vraiment appeler un pays de bonne composition et de bonne volonté. Il ne marchande ni son