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Debure au rangement de la collection qu’il avait formée a été substitué à l’ancienne méthode pour le classement des portraits, quels qu’ils fussent, appartenant à la Bibliothèque, et dès lors le danger a disparu de toute interprétation erronée, de toute répartition arbitraire. Une seule série, sans distinction de pays ni de date, de sexe ni de caractère, comprend maintenant toutes les pièces distribuées autrefois en une infinité de classes spéciales. La collection Debure, devenue par sa constitution même le noyau de cette collection générale ou plutôt de ce dictionnaire d’iconographie universel, a été fondue comme les autres dans un ensemble de 700 volumes contenant, depuis A jusqu’à Z, plus de 120,000 portraits de tous formats, gravés, lithographies ou dessinés. Il n’y a eu d’exception, outre les portraits composant en tout ou en partie l’œuvre d’un maître, que pour certains recueils formant chacun une suite invariable, un corps d’ouvrage qu’il eût été déraisonnable de démembrer, — les portraits par exemple des députés aux états-généraux ou à l’assemblée constituante, ou ceux des députés à l’assemblée élue en 1848.

Dira-t-on qu’un classement rigoureusement alphabétique a le tort d’associer les uns aux autres, au moins pour le regard, les personnages les plus dissemblables, les souvenirs les plus contraires, qu’il y a quelque chose de choquant à voir séparés seulement par l’épaisseur d’un feuillet le portrait d’un homme de génie et le portrait d’un homme dont la mémoire est infâme, l’image d’un héros et celle d’un assassin ? Mais en quoi le rapprochement serait-il plus malséant ici que dans les dictionnaires historiques et les biographies universelles où l’on peut rencontrer sur la même page les noms de Raphaël et de Ravaillac, de Cartouche si de Catinat ? Il ne s’agit pas d’ailleurs, dans une collection de ce genre, de résumer la vie de ceux qui y figurent, d’en recommander les souvenirs à la vénération ou au mépris ; il s’agit simplement de fournir des témoignages tout extérieurs, des renseignemens plus ou moins authentiques sur la physionomie et les traits d’un personnage donné. Le point essentiel, l’unique affaire est de mettre chacun à même d’obtenir ces renseignemens sans perte de temps, sans incertitude sur l’endroit où il aura chance de les trouver. Or en pareil cas l’ordre alphabétique est préférable à tout autre parce que pour celui qui prépare le champ des recherches, comme pour celui qui doit chercher, il détermine, en dehors de toute appréciation personnelle et par le seul fait de l’orthographe d’un nom, la place exacte, nécessaire, inévitable, qu’occupera l’image de l’homme à qui ce nom aura appartenu.

Sans doute, malgré l’extrême simplicité du principe et des moyens