Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 102.djvu/774

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

baldi avait plusieurs affaires assez heureuses à Pasques, à Prenois, si bien que le 26 au soir il était aux portes de Dijon. Que se passait-il alors ? Cremer avait-il mis trop de lenteur dans ses mouvemens ? Garibaldi se montrait-il trop impatient ? Toujours est-il que sans plus attendre, sans tenir compte du danger d’une attaque nocturne avec des soldats inexpérimentés, le vieux condottiere essayait d’entrer de vive force dans la ville. — « Allons-nous souper à Dijon ? » dit tranquillement le héros sûr de lui à son chef d’état-major. — Il n’allait pas souper à Dijon, il était au contraire violemment repoussé, et il n’avait plus qu’à se replier en toute hâte avec son armée débandée jusqu’à Autun, où il rentrait suivi de près par une brigade allemande lancée sur ses traces. Heureusement Autun était une position trop forte pour être enlevée par surprise, et les Allemands se voyaient obligés de se retirer après une canonnade inutile. Où était cependant Cremer ? Qu’était-il devenu ? Il avait paru à Gevrey, mais trop tard, et, Garibaldi une fois battu, il n’avait plus qu’à se replier, ayant lui-même à livrer deux jours après un combat assez vif pour reprendre possession de la ville de Nuits, un moment occupée par 2,000 Prussiens. Tout ce qu’il pouvait faire était d’aller jusqu’à Châteauneuf attendre sur sa ligne de retraite la brigade qui s’était montrée devant Autun et de lui infliger au passage des pertes assez sérieuses. Au demeurant, il n’y avait là qu’une série d’engagemens sans résultat ; c’était un imbroglio de quelques jours. Garibaldi s’enfermait à Autun pour un mois ; Cremer rentrait à Nuits. On échangeait des complimens ; mais autour da Garibaldi on restait persuadé que Cremer avait fait manquer l’affaire de Dijon.

Ce qui était plus grave et ce qui est en réalité un des épisodes les plus sérieux de cette période de la campagne, c’est la seconde bataille de Nuits, livrée peu après, le 18 décembre. Depuis les affaires de Dijon, d’Autun, de Châteauneuf, Werder, qui avait à couvrir le siège de Belfort et à surveiller la Saône, Langres, les communications avec Paris, Werder sentait que ces corps qu’il venait de rencontrer pouvaient se fortifier. Il démêlait autour de lui un mouvement croissant qui se manifestait sous plus d’une forme, et peut-être entrevoyait-il déjà quelque complication plus sérieuse. La présence de Cremer à une si petite distance, à Nuits, le gênait, et il se décidait à tenter une pointe rapide dans cette direction de Nuits et de Beaune. Il espérait, par un coup frappé avec à-propos et avec vigueur, se mettre en sûreté pour quelque temps et avoir toute liberté. C’était le général de Glumer qui, avec la division badoise, devait exécuter l’opération. Il partait de Dijon le 18 au matin avec deux colonnes, l’une, sous Degenfeld, suivant les montagnes à droite,