Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 102.djvu/816

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

exemple ; notre voyageur se hâte de faire quelques études dans les environs. En s’acheminant vers la baie de Saint-Augustin, le village d’Itampoul se fait remarquer à quelques milles au nord de la Masikoura, mais plus loin, le littoral est inhabité ; sur une étendue de 40 kilomètres, une ligne de roches dressées comme une muraille haute de 2 à 3 mètres, sans cesse battue des vagues, rend fort difficiles les communications avec la mer. On revoit les grèves de sable, les villages se succèdent. Maintenant c’est le pays des Sakalaves ; voici la baie de Saint-Augustin, où se jette l’Anoulahine, la belle rivière que notre vieil historien de Madagascar comparait à la Loire. Trois bourgades, Salar, Saint-Augustin, Tulléar, à l’embouchure de la rivière de Fihérenane, sont voisines. Fréquentée depuis plusieurs siècles par des navires étrangers, la baie de Saint-Augustin attire aujourd’hui le commerce de Bourbon et de Maurice. Avec un soin extrême, M. Grandidier visite la contrée ; peut-être sera-t-elle le point de départ de la vaste opération qu’il a projetée. Il remonte le cours de l’Anoulahine pendant une cinquantaine de lieues pour atteindre le pays des Antanosses émigrés ; ce n’est encore qu’une simple reconnaissance. Près de Tulléar, il se rend au village du chef de la tribu des Antifihérénanes et se lie d’amitié avec le roi Lahimerisa ; c’est une relation dont plus tard il saura tirer parti. Il faut continuer à suivre la côte ; de Tulléar à Manoumbé, une distance d’une quinzaine de lieues, il n’y a point d’habitations, tandis que de Manoumbé à Mouroundava, entre le 23e et le 20e degré de latitude, les villages sont nombreux ; quelques-uns ont de 300 à 400 habitans, la plupart seulement 50 ou 60. Un peu plus arrosé, le pays s’embellit ; on remarque une certaine fertilité, on voit des forêts.

La région du sud-ouest de la grande île africaine présente un contraste bien frappant avec la bande orientale. Sur une étendue de côtes d’environ 200 lieues, l’explorateur a observé partout un terrain plat simplement accidenté par des monticules de sable que les vents ont amassé ; il n’a vu des montagnes que près de l’embouchure de l’Anoulahine. Du cap de Sainte-Marie à Mouroundava, on ne compte pas plus d’une dizaine de rivières ; au nord de la baie de Saint-Augustin, la plus belle et la plus large est le Mangouka, qui peut fournir des avantages considérables à l’agriculture. M. Grandidier a déterminé la position de l’embouchure de cette rivière, jusqu’ici donnée d’une manière tout à fait inexacte, et il s’est assuré que des cours d’eau figurés sur des cartes n’ont jamais existé que dans l’imagination de géographes mal renseignés. À une médiocre distance des rivages du sud-ouest de Madagascar, il existe des lacs salés ; à 12 lieues environ à l’est de Mouroumbé se trouve le