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péens admirent les belles cultures de riz, a une population énorme. Dans la vallée, toute parsemée de collines, longue de 30 à 32 kilomètres et large de 18 kilomètres, où domine Tananarive, les villages sont à quelques centaines de pas les uns des autres. Arrivé dans la capitale, M. Grandidier fut présenté au premier ministre par notre consul, M. Jean Laborde, dont personne assurément n’a oublié les gigantesques travaux. Bien accueilli du ministre, fort de la protection d’un personnage aussi considérable, l’investigateur français a pu se livrer sans crainte aux observations astronomiques et aux opérations géodésiques nécessaires pour dresser la carte exacte de la province d’Imerina ; il a visité le lac Tasy, la montagne d’Andringhitra, les chutes de l’Ikioupa et tous les autres points les plus remarquables de la contrée. De Tananarive, il s’est rendu au plateau d’Ankaye, afin de reconnaître la source du Mangourou, le grand fleuve de la côte orientale ; traversant ensuite plusieurs montagnes dans la direction du nord-nord-ouest, il s’est trouvé dans la vallée qu’habite le peuple antsihianaque. Avec un soin extrême, il a étudié le pays, observé les habitans, reconnu les contours du plus beau lac de Madagascar, le lac Alaoutre, qui s’étend sur une longueur de plus de 30 milles. Revenant par les montagnes qui bordent à l’ouest le plateau d’Ankaye, il rentrait dans la capitale après avoir marché pendant vingt-trois jours. Ce retour était motivé par le désir d’observer en octobre et en novembre des occultations d’étoiles par la lune, afin de déterminer d’une manière exacte la position véritable de Tananarive, qui est restée fort incertaine. Le phénomène n’eut pas lieu alors, et, comme plus tard les conditions de l’atmosphère deviennent défavorables, le voyageur, remettant le travail à l’année suivante, partit en s’acheminant vers le sud pour se diriger ensuite vers la côte occidentale.

Il pénètre ainsi dans la province montagneuse des Betsiléos, où la population est assez nombreuse. Les roches granitiques se montrent de toutes parts, en divers endroits, ce sont d’énormes masses de micaschiste ; la végétation n’est pas abondante, et de certains villages il faut aller à plusieurs jours de marche chercher le bois nécessaire aux constructions, mais de petites vallées, qu’arrosent une infinité de torrens, sont couvertes de rizières. Après un trajet d’une quarantaine de lieues dans la direction du sud, l’explorateur, tournant à l’ouest, passe plusieurs forts ovas et atteint Zanzine, où se termine l’immense massif des montagnes centrales. Au sortir de Zanzine, on entre dans le pays des Sakalaves antimènes, une vaste plaine coupée entre le 42e et le 43e degré de longitude par une chaîne étroite qui semble régner du nord au sud sur presque toute la longueur de l’île. Après vingt journées de marche, M. Grandidier par-