normale, mais il peut percevoir la lumière et les objets extérieurs beaucoup mieux qu’avec son cristallin impénétrable aux rayons visuels. Le cristallin enlevé en pareil cas chez l’homme ne se régénère point ; mais, en poursuivant des recherches du genre de celles de M. Milliot, on peut espérer de découvrir les conditions d’une semblable reproduction qui serait extrêmement précieuse à la chirurgie. — La régénération de la peau s’observe dans toutes les cicatrices ordinaires. Le tissu cicatriciel est formé des élémens anatomiques ordinaires qui constituent le derme, c’est-à-dire surtout de fibres lamineuses et élastiques. Les vaisseaux rompus ou déchirés, les tendons coupés réparent également avec la plus grande facilité les pertes de substance qu’ils ont éprouvées. Bref, il y a dans tous ces organes une tendance constatée par les chirurgiens de tous les temps à la régénération, une force plastique et rayonnante qui s’exprime par une élaboration continuelle de blastème, au sein duquel naissent de nouveaux élémens anatomiques pour combler les vides.
La régénération des nerfs a été observée pour la première fois par Michaelis, Cruikshank, Monro et Haighton à la fin du siècle dernier. Bichat en donna, dès 1801, une théorie complète, d’une admirable netteté. Quand la continuité d’un nerf a été interrompue, la portion enlevée peut se régénérer au bout d’un certain temps. Lorsqu’on excise, sur le nerf sciatique par exemple, un segment long de 1 centimètre, on observe d’abord une altération de la substance nerveuse. dans les bouts résultant de la section ; puis, six semaines ou deux mois après l’opération, on voit partir de l’extrémité d’un des bouts un faisceau grisâtre qui se dirige vers le bout opposé et s’y réunit bientôt. Ce faisceau est composé de tissu lamineux et de tubes nerveux plus grêles que les tubes normaux ; mais peu à peu il grossit, il devient plus blanc, les fibres se perfectionnent, et après un intervalle de quatre à six mois, on a un cordon nerveux de nouvelle formation. Un tel cordon se régénère, même lorsqu’on a enlevé une portion de nerf de 6 centimètres de longueur. En même temps que la matière nerveuse se répare, on observe le rétablissement progressif de ses fonctions sensitives, motrices ou mixtes. MM. Vulpian et Philippeaux, qui ont spécialement étudié cette question, ont reconnu que les nerfs séparés définitivement des centres nerveux peuvent, après une période d’altération, recouvrer aussi leur structure et leurs propriétés normales ; mais l’expérience la plus instructive de ces physiologistes consiste à souder ensemble les bouts de deux nerfs de fonctions très différentes, par exemple le nerf moteur de la langue avec le nerf pneumogastrique, et à réaliser la communication anatomique