des dents enlevées. Il convient de remarquer en effet qu’ici on greffe un organe tout entier avec la structure et les dispositions vasculaires qui en peuvent assurer le développement, tandis qu’en transplantant un fragment de moelle ou de périoste, on l’isole, on l’enkysté.
Les expériences les plus curieuses et les plus rigoureuses qu’on ait faites sur la greffe animale dans ces dernières années sont dues à M. Paul Bert. Ce savant physiologiste a montré que, si on coupe la queue à un jeune rat et qu’on l’introduise, après l’avoir écorchée, sous la peau de l’animal, dans une région quelconque du corps, elle y adhère et continue à s’y développer. L’organe grandit presque aussi vite que dans les conditions normales. M. Bert a pratiqué aussi des marcottes animales. Il écorche l’extrémité de la queue d’un rat, introduit cette extrémité dans un trou pratiqué sur la peau de l’animal, près de la tête par exemple, et réunit les bords des deux plaies par des points de suture. Les parties juxtaposées ne tardent pas à se souder, et la queue, qui a reçu ainsi la forme d’une anse, conserve sa vitalité. Si alors on vient à la couper en un point quelconque, on voit que le tronçon greffé près de la tête garde ses propriétés physiologiques. Les vaisseaux s’y rétablissent, les nerfs s’y régénèrent, la sensibilité y revient peu à peu. Le rat est ainsi pourvu d’une sorte de trompe aussi vivante que ses autres organes. Le retour de la sensibilité dans cette trompe. démontre non-seulement la connexion des filets nerveux d’un tel appendice avec ceux du dos, mais encore la possibilité de la propagation de l’ébranlement sensitif dans une direction opposée à celle qu’il suivait auparavant, c’est-à-dire la faculté de conduire les impressions aussi bien dans le sens centripète que dans le sens centrifuge.
La greffe siamoise a été réalisée par M. Bert dans des conditions extrêmement intéressantes. On découpe des lambeaux de peau le long des flancs opposés de deux animaux, et au moyen de ces bandelettes, appliquées face à face et réunies par des sutures, on coud ensemble les deux sujets. Au bout de peu de jours la réunion est faite, et l’on a un couple analogue à celui des frères siamois. M. Bert a gardé pendant plus de deux mois deux rats blancs ainsi accolés ; mais ils vivaient en si mauvaise intelligence qu’il fallut au bout de ce temps les séparer. En empoisonnant l’un des deux animaux d’un couple pareil, on empoisonne l’autre, ce qui prouve qu’il y a entre eux une parfaite communication sanguine. M. Bert a obtenu des greffes semblables entre rat blanc et rat surmulot, entre rat blanc et rat de barbarie. Il a essayé d’en pratiquer entre animaux d’espèces différentes, entre rat et cochon d’inde, entre rat et