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LA COCHINCHINE
EN 1871

Depuis l’époque de la conquête jusqu’à ce jour, c’est-à-dire pendant une période de douze ans, notre rôle en Cochinchine s’est plutôt borné à une occupation militaire qu’à une colonisation du pays. Pour se maintenir dans les possessions récemment reconnues par le traité de Hué, il fallut lutter d’abord contre l’esprit de révolte des populations mal soumises ; plus tard, l’annexion des provinces limitrophes du royaume du Cambodge parut indispensable à la sécurité du territoire qui venait de nous être abandonné, et, si cette extension se fit sans coup férir, un nouvel état de guerre n’en résulta pas moins. Aujourd’hui les six provinces conquises forment dans notre main un tout presque homogène. Bien que le sentiment national domine encore dans la classe élevée, les insurrections sont de plus en plus rares : s’il s’en présente encore sur quelques points isolés du territoire, les rivalités de village à village, d’Annamites entre eux, en sont les principales causes. Nos relations avec la cour de Hué ne sont pas parfaitement nettes : le temps, qui plus que partout ailleurs est ici le grand maître, les éclaircira sans peine ; nos voisins de Siam ont parfois quelques différends avec le roi du Cambodge, notre protégé : c’est un point qui ne saurait être bien noir dans l’horizon de notre politique. Les impôts rentrent aisément, le mouvement commercial grandit, les intérêts agricoles s’éveillent, et le jour est proche où le pays passera, si on l’y aide, de l’état d’occupation à celui de colonie nouvelle, source véritable de richesse pour la métropole. Quelle est la physionomie du mouvement qui se produit aujourd’hui en Cochinchine ? sous quelles formes le progrès semble-t-il s’y présenter ? C’est ce que nous allons tâcher d’indiquer le plus brièvement possible, en jetant un