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LES
MISSIONS EXTERIEURES
DE LA MARINE

LE PROTECTORAT FRANCAIS A TAÏTI


I

Le corps de la marine est en possession d’un précieux privilège. Les orages de la politique passent au-dessus de sa tête, et il est rare qu’on lui demande autre chose que de bien servir le pays. En revanche, les missions extérieures ont souvent créé aux officiers qui montent nos vaisseaux les responsabilités les plus sérieuses et les plus étendues. Grosses complications en effet que ces complications d’outre-mer qui, par la distance où elles se produisent, échappent presque toujours à l’intervention opportune de la métropole ! Les îles Falkland ont allumé au XVIIIe siècle la guerre entre l’Angleterre et l’Espagne ; en 1843, une petite île de l’Océanie a failli devenir le sujet d’un conflit non moins grave. C’était le moment où la France, brutalement exclue du concert européen, avait senti s’éveiller dans son sein une ambition nouvelle, et rêvait « expansion transatlantique. » Ce besoin d’expansion arrivait malheureusement un peu tard. Durant le long blocus auquel nous avait soumis notre infériorité maritime, toutes les positions de quelque valeur, tous les territoires de quelque importance étaient tombés aux mains de nos rivaux. Nous finîmes cependant par découvrir dans les vastes solitudes de l’Océan-Pacifique un groupe d’îles qui avait échappé à