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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 97.djvu/854

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sur son passage ce mot Parisienne prononcé avec haine, admiration et envie ? Les étrangers nous jugent sur l’apparence ; franchement, comment être surpris qu’ils ne comprennent pas une nation qui a un aussi singulier caractère que le nôtre ? une nation qui blâme le goût qu’ils éprouvent pour la littérature qu’elle produit, qui se scandalise du plaisir qu’ils trouvent au théâtre qu’elle pourvoit, et s’indigne de l’effet des doctrines qu’elle propage ? » J’emprunte ces lignes à un de ces récens écrits inspirés par nos malheurs, et que nous voyons depuis un an se multiplier de tous côtés, attrayans et mélancoliques comme ces fleurs qui croissent sur les tombes. Tous ne sont pas également remarquables ; mais il y en a qu’un mérite certain recommande, et celui-ci est du nombre. Cette publication sans nom d’auteur a pour titre : Examen de conscience des honnêtes femmes de France. Dans ces pages enflammées de l’amour du pays, éclatantes de prosélytisme pour sa régénération, rien n’est omis des causes qui ont amené notre abaissement progressif par les arts, le langage, la toilette, — et les femmes du plus grand monde, sévèrement interrogées, ont à répondre du patronage insolent dont elles encourageaient toutes ces extravagances. « Elles ont le mot à la mode, — il y en a un tous les ans, comme une chanson. Il y a quelque temps, le mot féroce était le seul qualificatif qu’il fût de bon goût d’employer. On avait un chapeau féroce, une voiture féroce, etc. Elles se nourrissent des journaux légers, soutiennent la littérature, la musique… amusante ! car, de la poésie, nous n’en voulons plus ; les vers nous ennuient à moins qu’ils ne soient troussés par quelque bizarrerie de forme et cessent d’être vers. Que cherche-t-on au théâtre ? L’épopée, on la traduit en charge ; de la déesse, de la nymphe, de l’héroïne et presque de la sainte, nous regardons en riant l’image déformée et souillée, — nous à qui le culte du beau, du calme, de l’honnête, avait été confié… » Si ce n’était sortir de notre cadre, nous dirions ce que ce rapide écrit a d’excellent à d’autres points de vue et comment, poursuivant ce rôle idéal de la femme dans la nouvelle société, il s’élève aux plus hautes questions. « Quand, durant le cours de l’épouvantable année qui vient de s’écouler, nous nous sommes approchées des gens du peuple pour les interroger, les consoler et surtout les soigner, nous avons été frappées de la stupidité, de la lâcheté, du matérialisme que nous avons rencontrés. Nous avons compris qu’il ne fallait qu’un meneur hardi pour allumer ces cœurs secs et faire de ces êtres sans foi, sans amour, sans connaissance, des monstres de férocité… Et nous avons eu peur de Dieu, car pourquoi, comment sont-ils ainsi méchans, idiots, impies ? N’est-ce pas notre faute ? « Nous étions en effet tombés bien bas, gaspillant tout,