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M. Michel Chevalier[1]. Ces études presque simultanées ont eu pour conséquence d’établir d’utiles comparaisons entre les réseaux de chaque pays, d’éclairer les gouvernemens et les compagnies sur les progrès réalisés dans les diverses branches de l’exploitation, et de tenir pour ainsi dire au courant la science pratique des chemins de fer. En 1870, deux commissions, l’une administrative, l’autre parlementaire, avaient été désignées pour continuer l’enquête française de 1865, car en cette matière les conditions se modifient par courtes périodes, les perfectionnemens sont rapides, et chaque jour se révèlent de nouveaux besoins. Les travaux de ces deux commissions ont été interrompus par la dernière révolution ; l’enquête ordonnée aujourd’hui par l’assemblée nationale doit y donner suite avec un programme plus étendu.

Le devoir le plus urgent de la commission était de parer à l’insuffisance qui s’était produite dans les moyens de transport au lendemain de la guerre. Elle y a consacré ses premières décisions, et elle a déjà, dans un rapport spécial, expliqué le trouble profond que l’état de guerre avait nécessairement jeté dans l’exploitation des voies ferrées, non-seulement en France, mais aussi en Allemagne et en Belgique. Après avoir joué un rôle si actif dans les opérations militaires, les chemins de fer ne pouvaient pas sortir sans blessures de ce terrible champ de bataille où sont restées tant de victimes. Ils y ont reçu, comme les combattans, de rudes atteintes, et même une partie de leur matériel a été emmené en captivité. Cependant les plaies se cicatrisent, les effectifs rallient et se complètent, de telle sorte que la crise des transports touche à son terme. Restent les questions générales, qui sont de beaucoup les plus importantes, car elles intéressent l’avenir aussi bien que le présent. La commission devra examiner la constitution même des chemins de fer, les droits respectifs de l’état et des compagnies, les combinaisons financières, les tarifs et les concurrences, en un mot le système qui a été adopté par l’administration de l’empire pour la construction du réseau ; elle aura enfin à étudier les premiers effets de la loi du 12 juillet 1865 sur les chemins de fer d’intérêt local, dont il importe de fixer plus nettement les conditions, le rôle et le domaine : problèmes difficiles, que l’on pouvait croire en partie résolus, mais qui se représentent sous un régime politique nouveau et pour lesquels on propose volontiers des solutions nouvelles. Il s’agit au fond de savoir si la France doit persévérer dans le système qui régit aujourd’hui ses chemins de fer, ou s’il lui serait plus avantageux de le modifier les sommes engagées dans cette grande opération se chiffrent par milliards. Pour la fortune

  1. Voyez, dans la Revue du 1er Janvier 1866, les Chemins de fer français en 1866.