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UN ESSAI
DE
SYLLOGISME ÉCONOMIQUE

LE CAPITAL, LE SALAIRE, LE REVENU

Lorsqu’on veut pousser jusqu’au fond l’étude de certaines questions économiques, rien n’est difficile comme la réfutation des erreurs socialistes, propagées aussi bien par les impostures froidement calculées de faux prophètes avides que par les illusions d’esprits égarés ou de cœurs généreux. Contre les erreurs volontaires des cupidités intéressées, le seul argument est la force, à laquelle d’ailleurs les sectaires ne manquent jamais d’avoir recours, lorsqu’ils en ont les moyens, afin d’imposer leurs doctrines. Cependant il se rencontre parmi nous un grand nombre de gens persuadés qu’il suffit de renverser ce qui est mal en partie pour trouver sous les ruines le bien et le mieux. La logique et la passion les entraînent à la fois, et bientôt ils mettent sans réserve la première au service de la seconde. Avec ces derniers, il y a encore lieu de discuter pour tenter de mettre d’accord la logique et le bon sens.

La tâche est malaisée parce qu’en face de souffrances réelles dans notre société, de réclamations parfois justes, on ne peut invoquer le plus souvent que la dure nécessité des lois naturelles et inévitables, au lieu d’approuver des combinaisons et des espérances chimériques. Il serait urgent néanmoins de déjouer les sophismes de