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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 98.djvu/491

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REVUE. — CHRONIQUE.

parti révolutionnaire. Au printemps de 1871, quand M. Juarez, après l’expiration de ses pouvoirs, s’est présenté de nouveau à ses électeurs, il a eu pour compétiteurs le général Porfirio Diaz et don Sébastien Lerdo de Tejada, président de la cour suprême. On se rappelle sans doute que Porfirio Diaz était le chef qui commandait les troupes mexicaines devant Puebla. Depuis la chute de l’empire, il vivait retiré dans ses terres, situées dans l’état d’Oajaca, mais il jouissait d’une grande popularité, et son frère Félix, gouverneur d’Oajaca, travaillait sous main à lui préparer les voies. Lerdo avait été pendant huit ans le bras droit de Juarez comme chef du ministère. On s’attendait bien aussi à voir sortir M, Ortega de sa retraite ; au lieu de cela, il a publié un appel patriotique aux électeurs où il les conjurait de porter leurs votes sur M. Juarez.

Dans le congrès, les « porfiristes » et les « lerdistes » s’efforcèrent depuis lors d’entraver en toute occasion l’action du président, qui ne négligeait rien pour assurer sa réélection. Ils ne purent tout fois empêcher l’adoption de plusieurs modifications importantes de la loi électorale, parmi lesquelles il suffit de citer la suivante : à l’avenir, le congrès ne doit plus intervenir par son vote dans l’élection présidentielle que si aucun des candidats n’a pu réunir la majorité absolue des suffrages. En attendant, les agens de Diaz et de Lerdo battaient le pays pour travailler les esprits. Sur ces entrefaites, le congrès sanctionna les élections entachées de fraude par lesquelles venait d’être constituée la municipalité de Mexico ; Juarez n’hésita pas à la dissoudre, et le gouverneur Bustamante rétablit alors l’ayuntamiento de 1870. Le congrès, qui s’était ajourné le 30 mai, avait laissé en sa place la commission permanente, laquelle s’empressa de protester contre la dissolution du corps municipal. Le 25 juin eurent lieu les élections au premier degré, puis le 11 juillet les élections définitives des nouveaux députés et du président. Sur 227 membres du congrès, 67 seulement ont été réélus. Juarez a eu 5,837 voix, Lerdo 2,874 et Diaz 3,555. Aucun candidat n’ayant réuni la majorité absolue des votes, le congrès devait décider de l’élection. Un moment, les lerdistes avaient espéré rompre le dé de la manière suivante. Par une abstention en masse, ils auraient empêché le congrès de se constituer et de voter sur l’élection présidentielle ; puis le terme légal de la proclamation du président une fois dépassé, l’élection était annulée de fait et don Sébastien succédait alors à M. Juarez en sa qualité de vice-président élu en 1867. Cette manœuvre un peu naïve fut déjouée sans trop de peine. Dès lors, les porfiiristes se flattaient d’obtenir la résignation des lerdistes en faveur du généial Diaz. Toutefois, prévoyant la possibilité d’un échec et peu disposés à le subir, ils s’apprêtaient à lever l’étendard de la révolte. Diaz avait sous la main 5,000 hommes recrutés par son frère Félix. Le général Quiroga, un ancien impérialiste, réunissait des troupes à Laredo et se tenait prêt à envahir Nuevo-Leon ; Martinez, Toledo, Marquez, Negrete, un aventu-