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Page:Revue des Deux Mondes - 1872 - tome 98.djvu/514

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laquelle l’empereur présida en personne. Pulchérie Augusta était à ses côtés, et derrière eux marchaient, par ordre de dignité, les plus hauts officiers de l’empire et des sénateurs au nombre de trente-quatre. Arrivés en grande pompe à l’église de Sainte-Euphémie, l’empereur, l’impératrice et leur cortège prirent place aux sièges réservés à la présidence, ayant à dos la balustrade du chœur, et à droite et à gauche, dans les travées, les évêques rangés suivant leur importance. L’assemblée était plus nombreuse qu’on ne l’avait encore vue, et l’appareil de grandeur dont les souverains s’étaient environnés ajoutait encore à la majesté de la réunion.

La séance fut ouverte par un discours de l’empereur prononcé en latin, idiome officiel du gouvernement romain, répété ensuite par lui-même en langue grecque avec certains développemens. Marcien y disait que, depuis le jour où un jugement de Dieu l’avait élevé à la direction des affaires, son plus ardent désir avait été de remédier aux maux qui déchiraient la foi. Faire cesser dans l’église les divisions provoquées par les mauvaises passions des uns, par l’avarice des autres (il faisait allusion à l’eunuque Chrysaphius), était devenu l’objet de ses préoccupations constantes. Aussi, non content de convoquer ce saint concile universel, il avait voulu y assister lui-même, pour appuyer les résolutions des évêques et non pour les dominer, suivant en cela l’exemple du religieux prince Constantin. Affligé de voir la vérité de la foi obscurcie par les erreurs et les dissensions d’hommes corrompus, il cherchait aujourd’hui à dissiper ces obscurités et à replacer la foi dans son unité ; c’était donc aux évêques à l’expliquer sincèrement et telle qu’ils l’avaient reçue de la tradition. « De même qu’à Nicée, ajoutait-il en terminant, la foi a été manifestée par l’œuvre des trois cent dix-huit pères, ainsi par vos travaux des erreurs récentes seront dissipées, et l’orthodoxie fondée à tout jamais. La Providence divine fera le reste, elle rendra inébranlable l’ouvrage que j’ai toujours tant souhaité voir debout, et que vos mains ont élevé pour le bien de la religion. » Quand il eut fini, les évêques firent entendre les acclamations d’usage : « longues années à l’empereur, longues années à l’impératrice, longues années aux princes orthodoxes ! » On y joignit celles-ci : « à Marcien, nouveau Constantin ; à Pulchérie, nouvelle Hélène ! »

Aétius dit alors qu’il avait entre les mains la définition faite par le concile. L’empereur lui commanda de la lire. Elle était suivie de trois cent cinquante-six souscriptions, y compris celles des légats dont les noms figuraient les premiers. Diogène, métropolitain de Cyzique, avait souscrit tant pour lui que pour six évêques, ses suffragans, absens : ainsi avaient fait Théodore de Tarse et douze autres